Hommage

Allocution de monsieur le maire de Champigny-sur-Marne, prononcée lors des obsèques de M. Bonal le 29 juillet 2011

Cher René, Chers Amis,

Nous sommes réunis aujourd’hui pour accompagner Mado, aux côtés de ceux qu’elle a aimés, pour témoigner de notre estime, et de notre gratitude, et lui rendre hommage.
Mado, était une femme de valeur, une militante sincère, dévouée et à l’écoute des autres.

Dès son plus jeune âge, elle a subi les traumatismes de la guerre. Alors qu’elle avait à peine 6 ans, sa famille d’origine juive, l’a mise à l’abri pour la protéger de la barbarie nazie.
Sa sœur de 18 ans était alors engagée dans la Résistance. Mado est restée marquée par cette période terrible et c’est tout naturellement, portée par des idéaux de justice, de paix et de fraternité, qu’elle devait adhérer, au Parti Communiste Français.

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Madeleine Bonal

Devenue enseignante, elle a mené de front son métier, un mandat syndical au sein de son école, et un engagement important dans le collectif des enseignants du PCF aux côtés d’Albert Melé, de René Hantrais, de Jean-Louis Bargero, alors secrétaire de la section de Champigny du parti.
Courageusement, elle a rejoint l’équipe municipale en 1971. Je dis courageusement car en plus de son métier et de ses responsabilités multiples, elle avait ses quatre enfants à faire grandir.
Mado, pour ne pas faire mentir sa profession d’institutrice, a toujours mis un point d’honneur à les aider à apprendre à se former.
Elle voulait passionnément qu’ils aient un haut niveau d’études. Elle les a accompagnés dans leur choix de formation et de métiers au service des autres. _ Elle était fière d’avoir réussi dans cette entreprise. Elle a poursuivi dans cette voie auprès de ses nombreux petits-enfants.

Et Denise, son amie, me confiait que la veille de son décès, elle disait encore toute sa fierté et son bonheur de voir ces derniers obtenir de brillants succès scolaires.
Mado était une militante, qui ne cherchait pas la lumière mais qui savait où elle allait et qui ne cachait pas ses convictions.
Elle était de cette génération d’enseignants qui, notamment à l’occasion de la confrontation de mai 68 et des luttes qui succédèrent, ont développé l’objectif d’une école de la réussite pour le plus grand nombre.
D’une école qui combat les inégalités, d’une école d’exigence, portée par des maîtres vraiment formés dans l’objectif que chaque enfant, chaque jeune atteigne le plus haut niveau de culture, de formation professionnelle, humaine et citoyenne.

Elle a porté cette ambition profondément novatrice et moderne, pas en doctrinaire, mais en femme cultivée d’une grande finesse.
Sa façon ouverte et respectueuse de porter ses idées dans le débat, la rendaient encore plus convaincante et rassembleuse.

Élue aux élections municipales de 1971, puis réélue en 1977, elle assumait en tant qu’adjointe au maire, la délégation à l’enseignement, de 1975 à 1983. Et elle avait su se faire reconnaître et apprécier dans toute la communauté éducative. Certes elle connaissait bien le milieu puisqu’elle était elle-même impliquée comme enseignante mais elle a su se faire apprécier et faire avancer des valeurs partagées.
Et au cours des rencontres qu’elle organisait, des luttes auxquelles, elle apportait le soutien de la ville, elle était souvent applaudie lorsqu’elle rentrait dans une assemblée.
Quand Jean-Louis Bargero a été élu maire, elle a souhaité lui apporter son expérience pour l’aider dans sa tâche et elle collaborait alors au travail du cabinet.
Elle a su, au-delà de sa délégation spécifique sur l’école, accompagner ses collègues dans la mise en place des formidables services périscolaires et de loisirs dont notre commune a hérité, faisant de l’enfance un point fort du service public local.

Elle mérite pleinement qu’on lui rende hommage, et je veux témoigner ici de la reconnaissance de la municipalité.
Mado a enseigné à l’École normale d’Instituteurs de Bonneuil, qui devait devenir l’IUFM, avant que le pouvoir ne passe définitivement cet outil central de l’école publique à la moulinette des réformes régressives.
Ceux qui l’ont côtoyée à l’école normale ont le souvenir de son grand professionnalisme, de ses qualités de pédagogue, qu’accompagnaient une grande gentillesse.
Mado n’a jamais abandonné la bataille des idées et elle a continué jusqu’au bout à s’investir auprès de l’Institut d’histoire sociale du Val-de-Marne.
Ses contributions ont été précieuses et ses articles dans la revue Mémo Luttes fort appréciés. Ses derniers combats ont été pour la sauvegarde de la médecine du travail, un atout pour les salariés, mis à mal ces derniers temps.
Mado nous nous souviendrons de toi, de la femme combattante et de la militante communiste chaleureuse.

Au nom de ses camarades, des élus communistes et républicains, nous t’exprimons notre reconnaissance et notre estime.
Je m’adresse à toi René et à vous Annick, Marilyne, Jean-Marc, Séverine et Danielle, ses enfants, ainsi qu’à vos enfants, aux petits-enfants, à tous les proches, pour vous dire notre tristesse et notre affection.

Vous pouvez compter sur notre amitié et notre soutien.

Avec vous tous nous garderons Mado dans nos cœurs.

Dominique Adenot