UD CGT 94

Intervention pour l’IHS

Intervention de Jacques Aubert au
nom de l’IHS 94, lors du Comité
Général de l’Union Départementale
des Syndicats CGT du Val-de-Marne,
le jeudi 5 mai 2011

Chers Camarades,

Merci de donner ce temps de parole à
l’Institut d’Histoire Sociale du Val-de-Marne.

Je voudrais en quelques minutes, revenir sur la
question du Front national. Vous avez dans
votre dossier le document de la CGT intitulé Le
Front national ou l’imposture sociale
, les choses
essentielles sont dites dans ce document, je n’y
reviendrai pas. Je vais juste essayer, si c’est possible,
d’apporter au regard de l’histoire, quelques
éléments d’analyse.

Pour commencer il faut voir que les idées
d’extrême droite ne sont pas une nouveauté en
France, ce n’est pas Jean-Marie Le Pen qui les a
inventées !

PNG - 155.1 ko
Le Chapelier
D.R.

Depuis la Révolution française et l’avènement
de la société capitaliste, à chaque crise du
système, à chaque fois que le patronat s’est
senti menacé, on a vu, comme par
hasard ressurgir les idées de l’extrême
droite. Et à chaque fois l’objectif est
le même : soit interdire le mécontentement
populaire par la mise en
place d’une politique antidémocratique,
soit cacher la réalité
de l’exploitation et détourner
le mécontentement populaire
en proposant un autre coupable ;
le bouc émissaire facile, à toujours
été l’autre, le différent, l’étranger.
Nous n’avons pas le temps ce matin, de
détailler l’histoire complète de l’extrême droite,
mais il faut savoir que ce courant de pensée est
une constante dans la société bourgeoise
française.

En 1791, 20 ans seulement après la
Révolution française, la loi Le Chapelier qui
rend la grève illégale, c’est une manifestation de
la pensée d’extrême droite. En 1871 quant M.
Thiers fait fusiller les militants de la Commune
de Paris, nous sommes encore face à un gouvernement
d’extrême droite, et à la fin du 19e siècle,
au moment de l’affaire Dreyfus, c’est encore
cette idéologie qui est à l’oeuvre.

JPEG - 140.8 ko
Gallica / BNF

Et c’est cette même idéologie que l’on
retrouve dans les années 30.

On connaît tous la situation engendrée par la
crise de 1929 ; aux États-Unis d’abord puis en
Europe, avec le chômage et la pauvreté qui vont
toucher des millions de personnes. Là encore le
capitalisme se sent menacé et là encore, c’est en
toute logique que les idées d’extrême droite
vont revenir en force.

Rappelons-nous, en France, la manifestation
du 6 février 34 où l’extrême droite avec les
Croix de feu marche sur le palais Bourbon et est
à deux doigts de renverser la République.

Ce qui est important de voir, c’est qu’à cette
époque, si la droite échoue dans sa tentative de
subversion, c’est principalement parce que la
Gauche unie organise la riposte et porte le
Front populaire au pouvoir.

Mais c’est aussi parce que cette extrême droite
est divisée, d’une part entre les Cagoulards qui
sont anti-républicains et d’autre part les anciens
combattants de 14-18 qui eux, sont pour la
nation et la légalité.

Il faut noter que cette unité des forces de
gauches et ces divisions de l’extrême droite,
n’existent pas en Allemagne ou en Italie et que
dans ces pays-là, le fascisme peut accéder au
pouvoir en toute légalité.
Et il faut insister sur ce point : ce qui porte
Hitler au pouvoir, c’est principalement la crise
sociale et les millions de chômeurs que compte
l’Allemagne. Pour s’en convaincre il suffit de relire
le début de Mein Kampf, tout le premier chapitre
de ce livre est consacré à la politique sociale ;
Hitler ne cesse de s’élever contre les bas salaires et
contre le chômage. C’est parce qu’il promet aux
Allemands de résoudre cette crise qu’il sera élu.
On sait maintenant quelles solutions il mettra en
oeuvre et avec quel résultat.

Alors certes il serait stupide de dire que
Marine Le Pen, c’est Hitler, bien sûr que non,
les époques, les situations, ne sont pas comparables,
mais ce qu’il s’agit de bien comprendre,
c’est que l’extrême droite a toujours conquis le
pouvoir en se plaçant sur le terrain social, en se
portant, dans un premier temps, résolument du
coté des préoccupations populaires, pour
ensuite mener une autre politique.

En France, si l’extrême droite n’a pas gagné
dans les années trente, elle n’a pas disparu pour
autant ; rappelons-nous le slogan « Plutôt Hitler
que le Front populaire ». Et c’est tout naturellement
qu’on va la retrouver autour de Pétain ;
notons là encore que Pétain va déguiser sa politique
de collaboration sous un vernis social,
c’est la fameuse formule « Travail, famille,
patrie ». Puis l’extrême droite, on va la retrouver
dans la collaboration et au côté de l’occupant
notamment avec la milice.

JPEG - 73.8 ko
Manifestation du 6 février 1934.
D.R.

Bien sûr à la Libération, l’extrême droite n’a
pas bonne presse, c’est le moins que l’on puisse
dire, mais le débat d’idée sur la nature réelle de
cette idéologie ne va pas être mené à son terme
et ceci, me semble t-il, pour deux raisons. D’une
part, parce qu’il veut être à la table des négociations
avec les grands, de Gaulle va créer le
mythe de la nation française « Tous résistants ».
On sait que la réalité malheureusement était fort
différente. Puis, second élément, au nom de la
réconciliation nationale, on va passer l’éponge
sur la collaboration, c’est entre autre ce qui va
permettre à un Maurice Papon de redevenir
préfet de police puis ministre et l’on se rappelle
des méthodes qui furent les siennes à cette
époque.

Cette faiblesse historique dans l’analyse de
l’idéologie d’extrême droite, aidée aussi par le
fait que l’extrême droite en tant que telle, en
France, n’a jamais été au pouvoir, va permettre à
ce courant de continuer à traverser la société
française, n’attendant que la première occasion
pour reprendre le devant de la scène.

JPEG - 48.3 ko
La victoire du Front populaire.
D.R.

Dans les années 50-60 les guerres coloniales,
et notamment la guerre d’Algérie, vont être l’occasion
pour l’extrême droite de se reconstituer.
Sur le plan économique la politique de De
Gaulle favorable aux trusts et qui affaiblit un
petit patronat de commerçants et d’artisans, va
aussi favoriser le repli de ces catégories. C’est la
période où l’on verra apparaître les Tixier-
Vignancourt et les Poujade.

Et en 1972, le « grand mérite » de Jean-Marie
Le Pen, c’est de créer le Front national, en réussissant
à unifier tous les courants de l’extrême
droite dans un seul mouvement.

Le problème c’est que pour y parvenir il doit
donner des gages de fidélité à chacun de ces
courants. Ainsi pour les anciens collabos, ce sera
sont discours sur
les chambres à
gaz, détail de
l’histoire et sa
proximité avec les
thèses négationnistes.
Et pour les
anciens de l’OAS,
il n’hésitera pas à
imager sa campagne
anti-immigrés
avec des
propos ouvertement
racistes.

Ceci ne va pas
empêcher la progression
du FN,
mais va l’enfermer
dans une
image de parti
« facho » non fréquentable,
dont il aura du mal à sortir pour accéder
au pouvoir.

JPEG - 52.5 ko
Hitler.
D.R.

Mais c’est principalement avec l’aggravation
de la crise du capitalisme, avec la crise bancaire
de 2008, que la fille va pouvoir réaliser ce que le
père n’avait pas pu faire : à savoir, transformer
un mouvement marqué par un fascisme autoritaire
et raciste en un mouvement fasciste populaire
mettant la priorité sur le social.

Enfin elle repositionne le parti de son père sur
son fond de commerce réel, qui est de s’adresser
aux travailleurs pour mieux les tromper sur leur
situation et leur cacher les vraies causes de la
crise.

Alors aujourd’hui, beaucoup voient la montée
du FN et son encrage social, comme une surprise.
Certes la crise a accéléré le mouvement,
mais cette transformation du FN elle est aussi le
résultat d’un long processus, et vous m’excuserez
de le dire crûment, que les militants de
gauche n’ont pas toujours su mesurer.

JPEG - 48.5 ko
De Gaulle.
D.R.

En 2002, quand Jean-Marie Le Pen est au
second tour, on fait semblant d’être surpris,
mais toutes les élections précédentes avaient
montré que face à la politique du gouvernement
Jospin, il y avait un décrochement des catégories
populaires. Et les socialistes à l’époque n’ont pas
redressé la barre. Rappelons-nous Jospin affirmant
que le gouvernement ne pouvait rien faire
face aux licenciements.

Et en 2005, au moment
du Non au
référendum, on a
crié victoire, mais
on a oublié de voir
que dans les voix
du non il y avait
aussi des voix qui
répondaient à l’appel
du FN et exprimaient
un mécontentement
social
profond et une défiance
vis-à-vis des
institutions.

Et lors de l’élection
de Nicolas Sarkozy,
ont a cru trop vite
que la droite avait
absorbé l’électorat
du FN, en fait il ne
s’agissait que d’un déplacement de voix momentané
mais absolument pas d’un déplacement
d’idées.

Un autre point doit attirer notre attention,
c’est, comme dans les années trente, que cette
montée de l’extrême droite est un phénomène
qui touche tous les pays d’Europe et que
partout où ces partis fascistes montent en puissance,
partout ils se positionnent sur des thèmes
sociaux.

Maintenant faut-il s’étonner, qu’écoutant un
discours de Marine Le Pen, de braves gens, des
camarades parfois, se disent « Elle n’a pas tort. Sur la santé, les retraites, le pouvoir d’achat, elle dit
comme nous.
 » À cette nuance près, que nous,
nous disons qu’il faut s’attaquer au capital, qu’il
faut un meilleur partage des richesses et que le
FN, lui, ne parle jamais des profits, la crise ce
n’est jamais la faute des capitalistes, non, c’est
celle des immigrés !

Regardez le programme du FN ! Sur les
retraites le FN est pour les 40 annuités, mais
financées comment ? Je cite : « En économisant 7
milliard sur les fonds européens ; En économisant 40
milliards sur l’immigration ; Et en luttant contre la
fraude sociale et contre la décentralisation.
 » Vous avez
entendu parler des profits ? Non, pas un mot !

Et sur le pouvoir d’achat ? Je cite encore : «  Il
faut sortir de l’euro
 ». Bien ! Et après on pourra
dévaluer et tout sera moins cher ! Mais le
partage des richesses, le fait que dans la richesse
produite, il faut augmenter la part des salaires et
baisser celles des profits, on n’en parle pas !

Sur la laïcité, eh bien elle est très claire Marine
Le Pen sur la laïcité : elle affirme qu’il faut
refuser l’entrée de l’islam dans les écoles, on est
tous d’accord, mais la laïcité ce n’est pas que
cela, c’est l’ensemble des phénomènes religieux
qui doivent être considérés comme étant de la
sphère privée et donc n’ont rien à faire dans les
lieux publics, à plus fortes raisons dans les
écoles et que l’État se doit de ne privilégier
aucun culte. Mais regardez ce qui est dit plus
loin sur l’école : « Chaque famille disposera d’un
chèque éducation avec lequel elle pourra inscrire ses
enfants dans l’école de son choix
 ». Bien sûr rien
n’empêchera les familles aisées de rajouter au
bout de ce chèque pour aller dans une école
avec encore plus de moyens, mais le FN n’y
voit aucun inconvénient, au contraire cela
créera de l’émulation entre les écoles et les
poussera à s’améliorer.

En clair cela veut dire que l’État va pouvoir
se désengager, assurer le service minimum pour
les pauvres et que les écoles privées vont
pouvoir accueillir le reste de la population et
quand on sait qu’en France les écoles privées,
sont principalement catholiques, alors on comprend
mieux : en fait sous couvert de laïcité,
Marine Le Pen nous prépare le contraire, c’està-
dire remettre la religion catholique en position
hégémonique dans l’éducation des enfants, soit
un retour à la situation d’avant 1905 quand la loi
sur la laïcité fut promulguée.

JPEG - 61.1 ko
La loi de 1905.
D.R.

Et sur le service public quand le FN affirme
vouloir défendre le service public et arrêter la
privatisation, il n’est que de reprendre ce qui
vient d’être dit pour s’apercevoir que par
exemple sur l’Éducation nationale, c’est l’inverse
qui est prévu.

Je ne vais pas continuer à énumérer le programme
du FN, mais il faut bien voir que derrière
la façade, derrière les mots, ce qui se cache,
c’est une politique réellement réactionnaire.

À ce stade de la réflexion il faudrait également
évoquer l’attaque contre le syndicalisme, mais je
n’y reviens pas, cela est dit mieux que je ne saurais
le faire dans le document confédéral que j’évoquais
au début.

Venons-en à l’immigration !

Oui cela ne peut que poser des problèmes
quand on déplace des populations et qu’on ne
leur donne pas les moyens de vivrent décemment
dans le pays où ils arrivent.

Nous n’avons pas le temps ce matin d’évoquer
la longue histoire des rapports entre le syndicalisme
et les travailleurs immigrés aussi je ne vais prendre que quelques exemples. La CGT se crée
en 1895 et en 1919 on assiste à une des plus
grande vague d’immigration de notre histoire.
Après la tuerie de 14-18, à la fin de la guerre,
c’est près de 10 % des hommes actifs qui manquent
dans la production. Alors pour redresser
le pays on va faire appel massivement à la main
d’oeuvre étrangère : Italiens, Polonais, Belges,
Espagnols, c’est plusieurs millions de travailleurs
qui vont ainsi aux fils des ans arriver en France
et comme aujourd’hui, les conditions d’accueil
sont précaires, le patronat en profite pour les
sous-payer et des problèmes entre les français et
ces nouveaux arrivants ne tardent pas à se faire
jour.

Dès le congrès de la CGT, en 1919 la déclaration
finale disait «  La CGT proclame que tout travailleur
quelle que soit sa nationalité a le droit de travailler
là où il peut occuper son activité. Tout travailleur
doit... jouir de toutes les garanties d’ordre syndical,
notamment du droit de participer personnellement à l’administration
de son syndicat. Aucun travailleur ne peut
être expulsé pour fait d’ordre syndical. Aucun travailleur
étranger ne doit recevoir de salaire ni subir de
conditions inférieurs au salaire normal et courant et aux
conditions de travail en usage dans la ville ou la région.
 »

Et au congrès de 1925 : «  Pour nous, le mot étranger
n’a pas de sens. [...] La question de nationalité ne
joue aucun rôle dans les rapports de classe. [...] Les
migrations constituent un phénomène naturel et nul ne
peut nier le droit à l’émigration pour les hommes chassés
du sol natal par le chômage, la misère ou les convictions
politiques. [...] Il n’y a pas de patrie pour les travailleurs ;
il n’y a pas d’ouvriers étrangers en France ; il y
a les ouvriers d’un même pays : le prolétariat. Le capitalisme
a crée des différences de langues et des différences
d’exploitation. La CGTU luttera pour les faire disparaître.

 »

Voyez Camarades quand on parle des valeurs
historiques de la CGT c’est de cela dont on
parle.

Mais pour autant il ne faut pas croire que cela
s’est fait sans qu’il y ait des débats à l’intérieur
du syndicat et avec les travailleurs. Cette même
année 25 dans un article de La Vie Ouvrière on
peut lire « Si l’immigration des travailleurs étrangers
est absolument logique lorsque le marché du travail est
déficitaire, elle ne saurait se perpétuer si l’abondance de
main-d’oeuvre ne la justifie plus.
 »

Mais ce débat, nous l’avons tranché en nous
référant aux valeurs de l’internationalisme et de
la solidarité ouvrière. Car l’histoire de la CGT,
c’est aussi celle du mouvement ouvrier et du
socialisme dont les fondements ont été définis
par Karl Marx quand il écrit « Prolétaires de tous
pays, unissez-vous. », il n’a jamais dit : « Prolétaires
de tous pays, restez chez-vous. » !

Et Bernard Thibault à tout a fait raison de
rappeler dans la déclaration de la CGT que la
solidarité internationale est au centre de l’action
de la CGT et que ceux qui prônent, la préférence
nationale, l’exclusion et le racisme n’ont
rien à faire dans nos rangs.

Mais on doit s’arrêter un moment sur cette
question et sur la préférence nationale, qui est
au centre de l’argumentation du FN. Si on
acceptait le principe que les patrons aient le
droit de faire venir des travailleurs quand ils en
ont besoin et de s’en débarrasser quand il n’y a
plus de travail, alors de fait, nous accepterions le
principe de la flexibilité, nous accepterions le
principe de la précarité généralisée, et le fait que
ce soit des étrangers ni change rien. Accepter
ces principes pour une catégorie de travailleurs
aujourd’hui à terme, c’est l’accepter pour tous.

La seule solution aux problèmes de l’immigration,
c’est de s’attaquer aux profits capitalistes.
C’est de lutter contre le pillage des ressources
naturelles des pays du Tiers-monde, qui interdit
tout développement d’une économie locale.
C’est de s’attaquer à ceux qui font venir ces
hommes et ces femmes ici pour faire pression
sur les salaires. C’est d’exiger que tous les travailleurs
quelles que soient leurs origines aient
tous ici, les mêmes droits.

Et dans cet esprit il faut dire que la lutte de
l’UD CGT aux côtés des travailleurs sans
papiers est exemplaire.

Mais en même temps que nous réaffirmons
nos valeurs, nous devons être attentifs à ce que
les salariés ont dans la tête et qu’ils n’expriment
pas toujours.

Car voyez-vous, la force et le danger du FN
c’est qu’il dit tout haut ce que les gens pensent
tout bas, et ce qu’ils pensent les gens, ils ne l’ont
pas trouvé dans la lecture de Karl Marx, mais
plus sûrement c’est ce qu’ils ont entendu à la
télé ou ce que leur ont dit un collègue ou un
voisin. On peut le regretter mais on est tous
pareil, on est plus sensibles à ce qui se passe à
côté de chez nous, au sort de ceux que l’on
cotoie, qu’aux grandes idées abstraites.

Et le FN, qui lui ne cherche pas à expliquer,
mais qui cherche juste à attirer, il va reprendre
ce que pensent les gens et le faire passer pour
une vérité.

Soyons francs, des
ménages qui trichent
un peu sur les allocations
familiales, c’est
marginal, mais on en
connaît ! Des chômeurs
qui ne cherchent
pas de travail, il
y en a peu, mais on en
connait. Mais des actionnaires
de multinationales
vous en
connaissez vous personnellement
 ? Des
milliardaires vous en
rencontrez beaucoup ?
On en parle, on sait que ça existe mais en fait,
on n’en a jamais vu. Et les gens ils sont comme
nous et ils parlent de ce qu’ils connaissent et
quand un parti parle comme eux et bien ils
écoutent.

Cette manière d’attirer les gens, en leur faisant
croire que ce qu’ils pensent est la vérité, ça a un
nom, ça s’appelle la démagogie.

JPEG - 70.8 ko
Comment se fabrique les opinions.
D.R.

Et la démagogie, ça consiste à profiter de la
faiblesse des gens
pour mieux les manipuler.
Dans la démagogie
on mesure tout
le mépris, toute la haine
envers ce peuple
qu’en fait on prend
pour des imbéciles.
Cette attitude méprisante
à l’égard du
peuple, c’est aussi une
des caractéristiques de
l’idéologie d’extrême
droite.

Et voyez-vous c’est une des grandes forces du
mouvement syndical, que d’être aussi un mouvement
d’éducation populaire. En luttant pour
les revendications quotidiennes nous n’avons de
cesse que d’expliquer le pourquoi et le comment
de l’exploitation capitaliste. Alors certes, il est
plus difficile de faire comprendre le mécanisme
de la plus-value que de dire que le chômage,
c’est à cause des immigrés ; il est plus complexe
d’expliquer ce qu’est la spéculation sur les
matières premières que de dire que le pain coûte
plus cher parce qu’on le paye en euros.

JPEG - 9.8 ko
Centre de formation Benoît Frachon
© CGT

Mais c’est au prix de
cette difficulté qu’on
forme des citoyens responsables ,
capables un jour de
changer le monde.

Au moment de
conclure, il faut se
poser la question :
quand on voit Marine
Le Pen invitée
complaisamment par
tous les médias,
quand on voit le
gouvernement opérer
ce virage à droite ; on voudrait nous faire
croire qu’on va assister à une bataille Le
Pen/Sarkozy pour récupérer des voix.

Mais en fait n’est-ce pas le rapprochement de
la droite et de l’extrême droite qui se prépare, le
capitalisme acculé par la crise, plutôt que de partager
les richesses, ne va-t-il pas être tenté par
une expérience fasciste ? Certes qui ne sera pas
la copie du passé, mais qui néanmoins se fera au
détriment de la démocratie et du monde du
travail.

La solution, je l’évoquais
en parlant de
1936 : on pourra critiquer
autant que l’on
veut les idées d’extrême
droite, cela risque
de n’être d’aucun effet,
si la gauche en
France n’est pas capable
de proposer
une alternative crédible
à la crise que nous traversons.

Je vous remercie de votre attention.

Jacques Aubert