Éditorial

EN FRANCE

60 % des électeurs convoqués pour les élections
cantonales ne se sont pas déplacés.
Ils ne croient plus que la politique, les programmes,
les discours puissent changer leur vie.
Alors en quoi croient-ils ? Au système D, à la
chance, au chacun pour soi ? La démocratie, la
république, la société, ne fonctionnent que
parce que les gens ont la conviction de partager
un destin commun. Le jour où cette conviction
disparaît la barbarie risque de revenir.
Et voilà que parmi ceux qui ont voté, un tiers
sont allés mettre un bulletin FN ! Et parmi ce
tiers-là beaucoup viendraient des milieux populaires
 ! Le drame avec la pauvreté c’est que
quand elle a vidé les poches, il n’est pas rare
qu’elle s’attaque à la tête.

À L’ÉTRANGER

On nous dit que les pays arabes font leur
révolution. Que les dictatures soient abattues.
On ne peut que s’en réjouir, mais que va-t-il se
construire à la place ?

En Lybie un autre dictateur, donne l’occasion
aux pays occidentaux de montrer leurs muscles.
Peut-on croire un seul instant à leur souci de
défendre la démocratie ? Qu’il nous soit permis
d’en douter. Sous les bombes, il y a toujours un
peuple qui souffre.

Les États-Unis viennent de tuer Ben Laden,
c’était un terroriste, un assassin, la cause est
entendue, mais quand Obama s’écrie « justice
est rendue », qu’il nous soit permis d’avoir une
vision de la justice sensiblement différente de
celle qui légitime le crime d’État.

Au Japon la nature a montré les limites du
progrès, ce nucléaire qu’on nous garantissait
sans danger, a bien trop vite fait preuve de faiblesse.

Mais cela n’empêche pas Sarkozy de
clore le débat et de parler de peur moyenâgeuse,
comme si à Tokyo il n’y avait que les anciens
samouraïs qui
allaient subir les
effets de la contamination
radioactive.

Cela dit, il a raison
le Président, si
on commence à
réclamer l’arrêt de
tout ce qui nous
paraît dangereux,
il va bien finir par
se trouver un hurluberlu
pour demander un moratoire sur le capitalisme.

Heureusement, pour nous distraire des difficultés
de ce temps il nous reste le sport. Mais
voilà qu’on apprend que les joueurs de foot
seraient classés selon leur couleur de peau. Qui
donc a dit que le sport était la continuation de la
guerre par d’autres moyens ?
Bernard Thibault rappelait dernièrement ce
que sont les valeurs de la CGT : la justice, l’égalité,
la fraternité, la solidarité internationale.

Peut-on rêver que ces valeurs deviennent un
jour universelles ?

Le monde en aurait bien besoin.

Jacques Aubert