Les jeunes de la délégation racontent

On va vous raconter et essayer de vous
faire vivre, ainsi qu’a d’autres, cette
fameuse journée du 24 octobre 2010
où s’est déroulée la commémoration de 27 personnes
tuées pour plusieurs causes, qui font
qu’aujourd’hui on doit prendre conscience de
tout ce qui s’est passé à cette époque.

Jour J : rendez vous à 6 h du matin, un peu tôt
peut-être mais le rendez-vous en vaut la peine.
Pendant quatre heures de route avec le car de
la CGT, les organisateurs
prennent
le temps
d’expliquer le
contenu de cette
journée. Nous
avons écouté avec
attention, ce qui
fut dur à vrai dire,
car on avait peu
dormi. Arrivés sur
place à Châteaubriand,
on remarque
peu de
décoration, à croire
que ce n’était
pas là. Une seule
chose nous dit
que c’est bien ici :
il y a quelques
personnes avec des tambours qui se préparaient
à jouer.
On pique-nique sur un parking, c’était super, il
y avait de tout.

Puis vient le temps du début de la cérémonie.
On aperçoit un groupe d’enfants qui défilent
dans la ville. La chose que l’on remarque dès le
début ce sont des triangles de plusieurs couleurs
que les enfants portent sur eux, on se pose la
question pourquoi ces triangles de couleur ? On
n’avait aucune réponse, seules les personnes qui
connaissaient un peu la déportation le savaient.
On suit le défilé, mais ce n’est pas la grandeur
des choses qui fait le contenu. Arrivés sur un
rond-point, les enfants commencent à prendre le
micro pour nous raconter la signification des triangles.

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Les enfants des écoles de Châteaubriant
© IHS CGT 94

Le choc pour nous, car on ne savait pas
que déjà à l’époque de la Seconde Guerre mondiale,
les êtres humains étaient capables de définir
une identité par
des codes bien
définis : le rouge
pour les communistes,
le rose
pour les homosexuels
etc. Il y a
10 couleurs bien
précises. Aujourd’hui
on se bat
encore pour éliminer
ces codes
qui marquent les
d i f f é r e n c e s
d’identités.

Après ce discourt
un peu
dur, on rejoint le
chemin des 27
p e r s o n n e s
fusillées pour la France. On arrive dans une clairière.
L’atmosphère lourde et pesante nous dit
beaucoup de choses, c’est dur à expliquer mais
on sent un mal être, du fait qu’à cet endroit, il y
eut des horreurs qui ont été commises. On se
rappelle que dans le car, on nous avait parlé des
poteaux, on les voit maintenant, c’est là que les
27 personnes ont été fusillées. On était pressés
de tout voir, on ne sait pas pourquoi on avait
tant envie de voir, peut-être la curiosité de
savoir comment à cette époque l’homme était
barbare, mais cette curiosité nous fait aussi
avancer sur la réalité d’aujourd’hui.
On regarde les poteaux et les photos dessus.
On remarque qu’il y a plusieurs personnes sur
ces photos d’âges différents, le plus jeune avait
17 ans c’était Guy Môquet. On l’imagine là,
devant, seul sur ce poteau, avec une seule issue :
la mort. Bien-sûr, cette mort est aussi une
preuve de courage pour plusieurs personnes qui
croient encore à une issue pour cette époque.

Puis vient le moment de dire un adieu pour
ces hommes qui ont fait beaucoup pour la
France et qui ont réussi à faire peur à nos
ennemis, c’est pour cela qu’ils ont été exécutés.
Puis il y eut le témoignage d’une dame âgée sur
la déportation, elle-même avait connu les
hommes fusillés et avait été emmenée dans un
camp.
Puis le spectacle se mit en place. On regarde
attentivement. Dans notre tête, on imagine facilement
les formes, les traits de la guerre. Il n’y
avait pas besoin
d’artifice sur la
scène car les personnages
qui
jouaient les rôles
mettaient en
avant notre imagination.
Les cris,
les pleurs, et surtout
les paroles
nous faisaient
voyager dans cette
époque. Pendant
près de 3
heures, on était
plongés dans cet
univers. Le plus
dur dans tout ça,
c’est de savoir ce
que l’Homme est
capable de faire
pour gagner une bataille. On peut imaginer
beaucoup sur la guerre mais de vivre ça, on a le
sentiment qu’on ne pourrait jamais le supporter.
On se souvient bien de plusieurs scènes : celle
des wagons qui partaient dans les camps, on
imagine 300 personnes serrées dans un wagon
voyageant pendant 3 jours debout, sans boire ni
manger. Bien-sûr il y a beaucoup d’autres scènes
qui montrent l’horreur et très peu la joie de
vivre et l’on sent qu’il n’y avait aucune limite à la
détermination de ces hommes et de ces femmes.
Une image nous a interpellé, car elle est un
peu plus d’actualité, c’est celle de Guy Môquet :
il avait 15 ans lorsqu’il a été arrêté pour une distribution
de tracts dans la rue. Il a été exécuté
comme les 26 autres hommes qui se sont battus
pour les acquis sociaux que l’on a aujourd’hui et
qu’on nous retire au fur et à mesure.
Ces hommes n’ont pas été choisis au hasard
c’étaient essentiellement des cégétistes, des
communistes, résistants. Ils essayaient d’informer
la population pour donner exemple à tout
le monde de la nécessité de se révolter (et beaucoup
de ceux-là seront tués).

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Des jeunes de la délégation
© IHS CGT 94

Aujourd’hui on peut dire la chance qu’on a de
pouvoir distribuer les tracts et aussi de revendiquer
dans la rue, mais jusqu’à quand…
Car beaucoup de choses sont remises en question
aujourd’hui : le droit de grève, les acquis sociaux,
les 35 heures, les retraites... on ne parle plus
de guerre sur le terrain avec des bombes dans
notre France, mais des dégâts pour de l’argent.
On oublie aujourd’hui
la devise de
la République : liberté,
égalité, fraternité.
Il ne faut pas
oublier ceux qui
se sont battus
pour garder ces
valeurs et on doit
en faire autant car
il a y eu beaucoup
trop de combats
et de morts pour
laisser la monarchie
de l’argent
prendre place.

Voila, en espérant
que par cette
lettre on a pu vous donner la motivation d’aller
à Châteaubriant, de prendre un peu de recul sur
l’actualité et aussi de vous rendre compte sur
tout ce qui à été vécu.

Compte rendu rédigé par
Ludovic Nassivet, Elsa Godert,
Lutecia Delteil.

Elsa Godert Lutecia Delteil Ludovic Nassivet