Compte-rendu de Cédric Quintin, membre de la CE de l’UD

Le groupe dans la clairière

© IHS CGT 94

Dimanche 18 octobre 2009, c’est un beau soleil nantais qui accueille les militantes et militants de la CGT du Val-de-Marne venus en cars participer au 68^e hommage aux 27 martyrs de Châteaubriant. Parti de Créteil à l’aube, ce n’est pas sans une certaine émotion qu’en début d’après-midi nous prenions place dans le défilé de la mémoire qui nous conduit, quelques centaines de mètres plus loin, dans la carrière de la Sablière, lieu où furent massacrés par les nazis, avec la complicité des services de Vichy, nos 27 camarades.

L’émotion est d’autant plus grande, la mémoire et la curiosité éveillée que Jacques Aubert, président de l’Institut d’Histoire Sociale de la CGT du Val-de-Marne, avait pris soin, le matin même dans le car, de nous remémorer succinctement l’histoire, le parcours et la fin tragique de ces 27 résistants fusillés par les nazis en octobre 1941.

Nous avons conscience qu’en rendant aujourd’hui hommage aux otages de Châteaubriant, c’est à la résistance dans son ensemble et à toutes les victimes du nazisme que nous rendons hommage !
Le plan de roses venu du camp d’extermination de Ravensbrück qui sera installé au pied du monument des 27 par Odette Nilès, présidente de l’amicale de Châteaubriant, dès le début de la cérémonie, témoigne que c’est à un souvenir d’une ampleur nationale auquel nous assistions bel et bien aujourd’hui. La présence du préfet, du maire de la ville, des élus régionaux et parlementaires, les honneurs militaires qui sont rendus à cette cérémonie renforcent ce sentiment.

Faisant le parallèle avec quelques luttes et enjeux d’aujourd’hui, Marie-George Buffet, pour le PCF, a appelé à « de nouvelles résistances » pour ne pas laisser démolir les idéaux qui animaient celles et ceux qui ont perdu la vie contre la barbarie nazie. Engagés quotidiennement et syndicalement contre la destruction des acquis sociaux issus du programme du CNR, moteur décisif dans la lutte des sans-papiers pour leurs régularisations, solidaires des enseignants qui pratiquent la désobéissance pédagogique, etc., nous ne pouvons que partager cette invitation à l’irruption citoyenne, à la résistance et la riposte populaire contre les assauts de la droite et du Medef.

La superbe évocation artistique qui s’ensuivit, animée par les enfants et les habitants du pays de Châteaubriant, rappelle à nos souvenirs que les 27 ne sont pas tombés par hasard. Communistes, syndicalistes, dirigeants de fédérations CGT, nombre d’entre eux étaient engagés dans les conquêtes du Front populaire. Leurs désignations par d’anciens responsables du patronat français, qui ont basculé depuis dans la collaboration avec l’occupant, ressemblent à une revanche sociale ! C’est l’époque où les bourgeois proclament « plutôt Hitler que le Front populaire ».

« Vous qui restez, soyez dignes de nous, les vingt-sept qui allons mourir », nous a lancé Guy Môquet comme un ultime message. Sans comparer les époques, les hommes et les situations, force est de constater qu’il souffle aujourd’hui un air de résistance face à la politique de destruction de la droite !
Amplifier cette résistance, cette riposte populaire face à la crise du capitalisme mondialisé, refuser les reculs démocratiques, assurer le combat pour les libertés, n’est-ce pas, au fond, lier les combats d’hier avec ceux d’aujourd’hui, être résolument « digne » de nos 27 camarades ?!

En cette période de brouillage volontaire des repères, d’effacement et d’instrumentalisation de l’histoire, la résistance n’est et ne doit jamais être une page qu’il conviendrait de tourner définitivement.
En s’engageant à faire encore mieux l’année prochaine en termes de participation, ce sera à notre façon à nous d’entretenir la flamme du souvenir et de se projeter dans l’avenir.

Le groupe

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Sur la tombe des fusillés

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