Éditorial

Le Nobel de l’austérité

Le prix Nobel de la paix vient d’être attribué à l’Union Européenne.
L’information était tellement incongrue qu’au début les fonctionnaires européens ont cru à une plaisanterie.

Mais pas du tout, le jury de ce prix très sérieux a estimé en son âme et conscience, que depuis sa création l’Union Européenne avait permis le rapprochement entre les peuples et que grâce à cette institution notre continent n’avait pas connu de guerre depuis plus de 70 ans !

Des esprits chagrins vinrent rappeler la guerre dans les Balkans, mais bon, ce ne furent que quelques milliers de morts et dans des pays qui n’étaient pas à cette époque membres de l’Union.

D’autres rabat-joies évoquèrent les différents endroits du monde, en Afrique, au Moyen-Orient où des troupes européennes seraient stationnées et visiblement pas uniquement pour faire du tourisme. Mais là encore c’est confondre guerre et lutte contre les terroristes qui s’attaquent à la démocratie.

Il en fut même de ces grincheux, pour prétendre que l’Union Européenne étant le plus grand fournisseur d’armes de la planète, ce prix était mal venu. Là encore on voit bien la turpitude mentale de ceux qui confondent « avoir un fusil » et « se servir d’un fusil », ce n’est pas du tout la même chose.

Jaurès prétendait que le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage. Il se trompait lourdement et la situation européenne en est la démonstration.

Le capitalisme traverse une crise profonde, peut-être même sans précédent, mais pas un coup de feu, pas un mort, pas un prisonnier. Certes des chômeurs, des miséreux chaque jour plus nombreux des gens qui ont faim, d’autres qui ne peuvent plus se soigner, des Roms que l’on trimbale d’un endroit à un autre, au demeurant en respectant les règles de la courtoisie. Admettons ! Tout cela existe et c’est bien triste, mais enfin pas le moindre bombardement ! Pas la moindre troupe d’occupation.

Alors il est pas beau le progrès ?

En somme si l’Union Européenne a reçu ce prix c’est pour que les peuples d’Europe comprennent enfin que l’austérité est une chance historique.

À ce propos le chèque de 930 000 d’euros qui va avec le prix on le donne à qui ? Ça fait moins de 0,002 € par européen, ça ne vaut pas le coup de se le partager !
À défaut de colombe de la paix on pourrait peut-être le donner à un pigeon ?

Jacques Aubert