Le marxisme et la franc-maçonnerie

Selon des modalités qui leur sont propres ces deux courants de pensée se revendiquent du travail.
L’une et l’autre vont faire du travail et principalement du travail manuel, celui qui transforme la matière, le centre de leur réflexion.
Pour les marxistes l’histoire est avant tout celle des forces productives, des moyens de production et des rapports de production qui en découlent.
Pour les francs-maçons c’est en regard des processus de transformation de la matière qu’il est possible symboliquement de penser la transformation de l’homme et de la société.
Le marxisme et la franc-maçonnerie revendiquent un but commun : la construction d’une société meilleure.
Vu ainsi ces deux organisations étaient faites pour se rencontrer. Mais dans les faits il en fut tout autrement et chacun garda ses distances, même si individuellement des hommes engagés dans l’un et l’autre combat tentèrent ce rapprochement.
_ Il faut dire que lorsque le marxisme apparaît vers 1845, la franc-maçonnerie spéculative, à ne pas confondre avec le compagnonnage, qui lui, remonte au Moyen Âge, a déjà une longue existence puisqu’on atteste sa naissance en Angleterre vers 1717.

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John Theophilus Desaguliers : un des fondateurs de la franc-maçonnerie dite moderne

Par ailleurs cette franc-maçonnerie est en évolution constante. En France notamment, avec la création du Grand Orient de France en 1773, où si la franc-maçonnerie a de fait constitué le ferment idéologique d’une bourgeoisie éclairée, son recrutement privilégiant les notables, cela n’empêchera ses membres d’être très actifs lors de la Révolution française. L’abandon par le Grand Orient de France en 1877 de la référence à Dieu, va ouvrir une ère nouvelle pour une franc-maçonnerie de plus en plus sensible aux questions sociales et qui par exemple prendra toute sa place lors du combat pour la laïcité.
Entre ces deux dates la franc-maçonnerie connut bien des soubresauts ; elle fut instrumentalisée par Bonaparte avant d’être royaliste à la Restauration pour retourner enfin à la République. En fait la franc-maçonnerie a toujours eu tendance à être légitimiste. Exception notable lors de la dernière guerre où la franc-maçonnerie ne se compromit jamais avec la collaboration et fut victime de la répression tant de Vichy que de l’occupant.
Pour mieux comprendre le sens du travail maçonnique il faut savoir que cette organisation stipule que débarrassé des privilèges de naissance, les hommes se retrouvent libres et égaux et que nos différences ne seraient l’expression que des pulsions égoïstes que nous aurions le plus grand mal à maitriser.
Ainsi toute l’expérience initiatique va inviter les francs-maçons à travailler sur eux-mêmes, à s’améliorer tout en s’ouvrant aux autres pour se mettre en capacité de comprendre les diverses opinions avant de les juger, la diversité n’étant que le résultat des multiples « points de vue » au sens premier du terme, des différentes histoires et expériences individuelles, et que ce n’est qu’en saisissant la multiplicité des approches qu’on peut cerner la vérité.
L’homme s’améliorant en s’ouvrant à la réalité des autres, il devient possible de dépasser nos contradictions et ensemble de bâtir une société meilleure où chacun trouvera sa place.

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Karl Marx

Le marxisme également connaît toute une évolution et ce n’est pas amoindrir le rôle de Karl Marx que de dire qu’il s’inscrit dans un mouvement socialiste déjà ancien et dominé par les deux courants historiques que sont l’anarchie et réformisme. A noter que les francs-maçons sont très présents dans ces deux types d’organisations.
Une autre difficulté de l’analyse comparée de ces deux organisations, c’est que la franc-maçonnerie en tant que telle ne s’est jamais exprimée sur le marxisme, alors que les marxistes ont souvent été amenés à prendre position sur la franc-maçonnerie.
Notons également qu’il ne fut pas un régime anti-maçon, le dernier en date Vichy, qui ne fut aussi un régime anti-marxiste ; que francs-maçons et socialistes seront ensemble communards et fusillés tout pareil, que tous deux seront interdits par Pétain et déportés par les Nazis et tout deux excommuniés par le Pape.
Malgré cela la comparaison s’arrête là car il ne fut pas n’ont plus un régime marxiste qui ne mena une politique anti maçon, à l’exception de Cuba où la figure du premier libérateur, Narciso Lopez qui était franc-maçon notoire laissera des traces ; aujourd’hui encore les loges ont pignon sur rue et le drapeau cubain porte toujours la trace du triangle Maçonnique.
Pour les francs-maçons qui veulent se situer au-delà des engagements partisans et laisser la liberté de ses membres de s’engager là où bon leur semble, le fait d’être marxiste ou communiste n’a jamais constitué un empêchement à l’initiation du moins dans les obédiences adogmatiques, les obédiences restées fidèles à la maçonnerie anglo-saxonne ayant une position plus fermée.
Et ceci même après qu’il fut avéré dans les années 50 que la mise en place de régimes marxistes avait donné lieu à des dictatures, où les droits de l’Homme avaient été sacrifiés devant les intérêts supposés de la marche vers le socialisme.
En revanche les marxistes vont dés le début s’opposer aux francs-maçons.
Les plus doctrinaires d’entre eux vont tenter de démontrer que ce qu’ils appellent une « double loyauté » est impossible et que le marxisme et la franc-maçonnerie sont deux conceptions du monde complètement antagonistes.
À partir de 1924 cette double affiliation sera un motif d’exclusion des rangs du Parti communiste français.

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Le pasteur James Anderson : un des fondateurs de la franc-maçonnerie

Pour bien comprendre la réaction des marxistes vis à vis de la franc-maçonnerie il faut se replacer aux origines des pensées maçonniques et socialistes.
Cet article n’aura pas la prétention de retracer cette histoire en détail. Chacun en connaît les grandes lignes :
- la naissance des manufactures,
- cette bourgeoisie montante nourrit des idées des lumières, et qui va se reconnaître largement dans les idées de la franc-maçonnerie,
- la nécessité pour la bourgeoisie d’asseoir sa domination en renversant l’ancien régime pour une république plus conforme aux nouveaux rapports de production,
l‘émergence du prolétariat et des conflits de classes qui auront tôt fait de montrer les limites des idéaux de la république bourgeoise.

La révolution ne sera pas le « grand soir » pour tout le monde et que ce soit avant ou après 1789, les conditions de vie des ouvriers demeurent difficiles, pour ne pas dire épouvantables.
La généralisation du modèle industriel en augmentant considérablement le nombre des prolétaires va aussi accroitre le nombre de miséreux, exploités et corvéables à merci par une bourgeoisie devenant de plus en plus réactionnaire.
En dehors des ouvriers eux-mêmes, des humanistes sincères au premier rang desquels on trouve les francs-maçons, sont bien obligés de voir que les idéaux qu’ils prônent sont loin de correspondre à la condition faite au salariat.
Parce que globalement d’extraction bourgeoise, et n’étant pas directement victime de l’exploitation, les francs-maçons vont avoir une vision des changements nécessaires plus empreinte d’utopie, que d’analyses économiques. _ C’est plus l’égoïsme du pouvoir qui les révulsent que les mécanismes issus de la propriété individuelle des moyens de production.
Et c’est tout naturellement qu’on retrouvera des francs-maçons dans la mouvance anarchiste. Élisée Reclus pour ne citer que lui, est un exemple les liens très forts qui unissent l’Anarchie et la franc-maçonnerie.
Dans le même temps la franc-maçonnerie va tenter d’être le laboratoire de propositions sociales tentant d’améliorer le système en place. De fait les liens entre franc-maçonnerie et social-démocratie ne vont cesser de se resserrer.
Vertu maçonnique ? Mais la coexistence de ces deux courants de pensée en Loge ne semble pas avoir perturbé travail des francs-maçons.
La franc-maçonnerie en est là de son évolution sociale quand apparaît le marxisme.
Cela a été évoqué plus haut : la pensée de Karl Marx ne vient pas de nulle part.

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Loge maçonnique

Là encore cet article n’a pas la prétention d’être exhaustif sur les origines du marxisme. Juste souligner pour la compréhension du propos que Marx hérite certes de la philosophie allemande d’un Hegel mais aussi des matérialistes antiques, comme des philosophes des Lumières.
De même la théorie de Marx n’est pas finie dès les premiers écrits, Marx va chercher toute sa vie, et son dernier ouvrage Le Capital, dont il entend faire le point d’orgue de sa pensée, restera une œuvre inachevée à sa mort en 1883.
D’où la difficulté de dire, encore aujourd’hui, ce qu’est le marxisme.
Aussi sans avoir la prétention de définir le marxisme on peut souligner dans le cadre de cet article qu’en premier lieu Marx est un philosophe matérialiste
Pour lui, seule existe la matière, Dieu n’a pas sa place dans cette construction. C’est le mouvement, l’énergie interne à la matière qui est la force de toute évolution. Tout ce qui est vie, existe n’est pas autre chose que de la matière
En second lieu Marx affirme que la philosophie ne doit pas avoir pour seule fonction d’expliquer le monde mais aussi de le transformer.
En troisième lieu Marx défend l’idée que l’homme en tant qu’espèce ne se distingue du monde animal que par son aptitude au travail, et que les relations humaines, le langage, les mœurs, l’État, la famille, le droit, les institutions, tout découle des relations rendues nécessaires par le travail et qu’enfin l’histoire de l’Humanité n’est en fait que l’histoire des relations de travail, la place que chacun occupe dans le processus de production déterminant sa classe sociale.
Partant de cette analyse Marx va tenter de mettre à jour le fonctionnement de l’exploitation capitaliste et définira la nature du profit capitaliste comme découlant de la différence entre la richesse produite par un salarié et le salaire qu’il perçoit, cette différence étant accaparée par le patron, plus l’écart est grand plus les profits augmentent.
Cet écart est ce qu’on appelle la plus value. Il y a donc un antagonisme objectif entre les intérêts de classe des patrons et ceux des salariés
Pour Marx, le système capitaliste étant un système concurrentiel, chaque capitaliste est obligé pour conserver sa part de marché, d’agrandir son usine, de la moderniser, et pour cela il doit toujours faire plus de profit.
Le capitaliste qu’il le veuille ou non est contraint de peser toujours plus sur les salaires, alors qu’à l’inverse le salarié pour mieux vivre ne cesse de vouloir augmenter son salaire.
Ainsi le système capitalisme porte en lui, organiquement, congénitalement, une contradiction fondamentale entre celui qui possède les moyens de la production, usine, atelier, bureau et celui qui ne possède rien d’autre que sa force de travail et qui doit se vendre pour vivre.
C’est cet ensemble que Karl Marx appellera la lutte des classes, lutte qui ne peut se résoudre que par la disparition de la classe des exploiteurs.
Donc pour Marx, toute idée de compromis, d’aménagement, de réforme, est une utopie qui ne tient pas compte de la réalité du fonctionnement capitaliste.
On est là sur le point essentiel qui fonde l’opposition des marxistes tant aux francs-maçons qu’à tout ce qui peut être qualifié de réformiste.
Pour les marxistes la liberté, l’égalité, la fraternité, sont certes des conditions nécessaires mais pas suffisantes, et ceux qui s’en contentent sans rien vouloir changer aux structures économiques, ne sont au mieux que de doux rêveurs, au pire, des propagandistes du patronat qui essaient de masquer la réalité.
Marx et ses successeurs vont donc s’efforcer d’éradiquer la puissance de la Franc-maçonnerie dans la pensée socialiste.

Pourtant au cours du 19e siècle trois événements essentiels auraient pu permettre un rapprochement.
Le premier c’est ce mois de février 1848 : Karl Marx vient de publier son Manifeste du Parti Communiste avec la fameuse phrase « Prolétaires de tous pays unissez-vous ». À Paris les ouvriers s’allient aux républicains pour une insurrection qui mettra fin à la restauration et sera la deuxième révolution française.
Les francs-maçons sont largement engagés dans cette action.
Deuxièmement c’est la parution en 1859 de la théorie de l’évolution des espèces de Darwin. Ce livre va marquer profondément la franc-maçonnerie dans son évolution adogmatique et aussi le marxisme.
Marx dira qu’il essaie d’appliquer à l’histoire sociale les principes que Darwin a appliqué à l’histoire naturelle.
Troisième rencontre manquée : la Commune de Paris qui va voir une nouvelle fois s’unir francs-maçons et militants révolutionnaires. La commune de Paris est la première expérience pour traduire les aspirations ouvrières dans des revendications précises, éducation, santé, égalité homme-femme et l’humaniste franc-maçon n’est pas pour rien dans cette construction. De plus l’issue sanglante montre que pour les francs-maçons, l’humanisme ne s’oppose pas nécessairement à la lutte armée.
L’expérience de la commune symbolise le mythe fondateur de la révolution ouvrière.
Rappelons qu’à Moscou sur la place Rouge on peut voir le tombeau de Lénine, recouvert du drapeau de la commune de Paris.
Ces événements auraient dû sceller le rapprochement des francs-maçons et des marxistes, pour les raisons doctrinales évoquées plus haut, il n’en fut rien.

Au congrès de la première internationale à Londres en 1871, la même année que la commune, Marx déclare : «  Ce type d’organisation se trouve en contradiction avec le développement du mouvement prolétarien, à partir du moment où ces sociétés, au lieu d’éduquer les ouvriers, les soumettent à leur lois autoritaires et mystiques qui entravent leur indépendance et entraînent leur conscience dans une fausse direction. »

Cela dit et malgré les grands discours de Marx, la présence des francs-maçons reste très forte. Et nombreux sont ceux qui prônent le rapprochement entre franc-maçonnerie et marxisme.
_ Jaurès qui pourtant n’était pas franc-maçon voyait dans la franc-maçonnerie au sein du mouvement ouvrier le plus sûr moyen de contrebalancer : «  L’interprétation économiste pauvre et étroitement matérialiste de la pensée humaine ».
Citons aussi la création en France en 1893 à la suite des États-Unis et du Canada de la Chevalerie du travail qui semble bien avoir été une tentative d’une maçonnerie proche du marxisme, tournée vers l’action politique et exclusivement « socialiste ».
Le travail essentiel de ces « loges socialistes » fut de préparer l’unité syndicale. Cette organisation vécue jusqu’en 1911 et compta dans ses membres notamment Fernand Pelloutier qui fut le créateur des bourses du travail et l’un des fondateurs de la CGT en 1895. Lointaine réminiscence peut-être, il existe encore aujourd’hui en Val-de-Marne une loge dont l’emblème est le drapeau rouge.

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Marcel Cachin


Pour autant en 1914, après l’assassinat de Jaurès, qu’ils fussent anarchistes, réformistes, marxistes, francs-maçons ou non, cela n’empêcha pas le mouvement socialiste de rallier en masse les gouvernements bourgeois, à l’heure où allait commencer la Première Guerre mondiale.

Après la guerre et sous l’influence de Lénine qui vient de réussir sa révolution à Moscou, la Troisième Internationale tente de reconstituer le mouvement socialiste sur des bases nouvelles et reprend le combat contre la franc-maçonnerie.
Dans les conditions fixées pour la constitution de Partis communistes figure l’interdiction de la « double loyauté ». Marcel Cachin et d’autres donneront l’exemple en démissionnant de la franc-maçonnerie. Mais ils ne furent pas si nombreux à suivre cette démarche.
Au congrès de Tours en 1920, qui doit consacrer la naissance du Parti communiste et liquider l’influence des réformistes de la SFIO, les francs-maçons sont si nombreux et de plus, actifs dans les deux camps, qu’on évitera soigneusement d’évoquer cette question.

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Hô Chi Minh


Pour mémoire Ho Chi Minh, le futur président communiste du Vietnam, se range dans le camp des marxistes, contre Léon Blum, pour l’adhésion à la 3e Internationale de Lénine alors qu’il est franc-maçon et ne se reniera jamais.
En 1922, face à cette persistance maçonnique au sein du Parti communiste français, le 4e congrès de l’Internationale communiste, dans sa Résolution sur la question française réaffirmer les principes du parti : « Le fait, qui s’est révélé d’une façon inattendue au 4e Congrès de l’Internationale communiste, de l’appartenance d’un nombre considérable de communistes français aux loges maçonniques est, aux yeux de l’Internationale communiste, le témoignage le plus manifeste et en même temps le plus pitoyable que notre Parti français a conservé, non seulement l’héritage psychologique de l’époque du réformisme, du parlementarisme et du patriotisme, mais aussi des liaisons tout à fait concrètes, extrêmement compromettantes pour la tête du Parti, avec les institutions secrètes, politiques et carriéristes de la bourgeoisie radicale [...]. »

Au nom de l’internationale, Léon Trotski déclarera : « La Ligue des droits de l’Homme et la franc-maçonnerie sont des instruments de la bourgeoisie qui font diversion à la conscience des représentants du prolétariat français. Nous déclarons une guerre sans pitié à ces méthodes car elles constituent une arme secrète et insidieuse de l’arsenal bourgeois. On doit libérer le parti de ces éléments. »
(Trotski, La voix de l’Internationale : le mouvement communiste en France).

Cette attitude hostile à la franc-maçonnerie va perdurer au long des années 20 et 30, même quand le Front populaire et la lutte contre les ligues fascistes vont revoir Communistes et francs-maçons défiler côte à côte.
Paradoxalement à cette époque la droite la plus réactionnaire ne s’embarrasse pas de ces subtilités idéologiques et assimile dans une même haine Communisme et franc-maçonnerie.
Rappelons-nous la loi du 1er mars 1940, sous Vichy, qui s’appelle précisément Loi de Répression de la Maçonnerie et du Communisme : les deux institutions furent ensemble interdites, persécutées et jugées pour les mêmes délits, de subversion à l’égard des principes fondamentaux de l’État et trouble de l’ordre public.
Après la guerre le fait d’avoir lutté et souffert ensemble mettra fin aux querelles pour laisser place au respect mutuel mais francs-maçons et marxistes continueront de s’ignorer.
Ils luttent souvent ensemble pour la paix, les droits sociaux, les droits des femmes.
Ils militent pour l’amitié franco-russe, pour la paix en Algérie.
Ils soutiennent Cuba seul pays marxiste où la franc-maçonnerie à pignon sur rue,
Ils iront ensemble soutenir Allende, dont le discours sur le socialisme et la franc-maçonnerie restera célèbre.
Ils seront encore et toujours au coude à coude pour défendre la laïcité et la République et bon nombre de marxistes comme de communistes reprendront le chemin des loges, alors même que les loges vont se positionner de plus en plus sur des thèmes sociaux.

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Aujourd’hui où les pays qui se referaient à l’idéologie marxiste ont presque tous abandonné cet objectif, seule a résisté au temps la théorie économique de Marx.
Il n’est qu’à voir la crise actuelle pour vérifier que la crise cyclique de l’accumulation du capital est une réalité.
Si les pays qui ont tenté l’expérience révolutionnaire ont en partie échoué c’est pour beaucoup dans leur incapacité à définir un nouvel humanisme.
À l’opposé les humanistes ont semblés bien incapables à eux seuls de changer le monde. Si la social-démocratie a su mettre quelques pansements, elle n’a rien guéri et laisse le système capitaliste intact. Les soubresauts qui agitent la franc-maçonnerie montrent tous les jours la difficulté de ce courant de pensée à être en phase avec la société actuelle.
Alors aujourd’hui au moment où la nécessité du dépassement du capitalisme est à l’ordre du jour mais où il serait illusoire de croire que cela se fera tout seul sans intervention des masses (s’il n’y est contraint, le capitalisme même au prix d’un gâchis social énorme continuera de perdurer) ; il est urgent de faire émerger dans la conscience collective, la possibilité d’une alternative crédible à la société libérale.
Cette alternative ne pourra être qu’économique et humaniste.
De là à en déduire que toutes les bonnes volontés sont bonnes à prendre, il n’y a qu’un pas.
De fait il semble bien que l’évolution d’une grande partie de la franc-maçonnerie, la conduise à penser le monde futur en dehors de la logique libérale.

Par ailleurs il faut s’interroger si la pensée marxiste, dans son analyse du monde, des causes de la misère et dans son action militante, n’aurait pas constitué une extraordinaire école de l’humanisme pour tous ceux qui y ont adhéré ?

Jacques Aubert