Henri Fichepain

Hommage à Henri Fichepain prononcé lors de
ses obsèques par le camarade Gérard Bussiét.

« À toi Denise,
tes filles et leurs époux,
tes petits enfants,
ta famille.

Mesdames, Messieurs,

Cher(e)s ami(e)s, cher(e)s camarades,

L’annonce du décès brutal d’Henri le 10 septembre 2009 a été pour moi un coup de massue.

Denise, pardonne-moi, au téléphone je n’ai su
que dire une banalité.
Réaction spontanée et douloureuse à ce coup
du sort, refus de la dure réalité de la vie, cependant
que l’on est désarmé face à son fatal aboutissement.
Pourtant il fallait se douter
d’une fin prochaine, tant la
maladie rongeait inexorablement
ce corps et cet esprit,
pourtant si forts.

Nous accompagnons aujourd’hui,
à sa dernière demeure,
humblement, la dépouille de
ton compagnon, du père de
Fabienne , Véronique et
Valérie, de l’ami, du camarade
qui fut l’acteur et l’artisan de bien des événements
de la vie locale, départementale et au sein
des mutuelles de France, nationalement.

Notre présence et les sentiments qui
nous animent, en cet instant, en portent témoignage
Henri inspirait le respect.

Il fut un éducateur qui, avec d’autres, a contribué
à la formation sociale, syndicale et politique
d’une génération de femmes et d’hommes, de
jeunes ouvriers et employés, salariés des services
public ou privés. Beaucoup d’entre nous l’on
connu et accompagné sur les chemins de la
lutte, ces quarante dernières années.

C’est au retour de la guerre d’Algérie que se
cristallisent l’engagement et la détermination
d’Henri, dans la vie du combat de classe.

Ouvrier-métallurgiste, ajusteur-
outilleur, plus tard rectificateur,
il travaille de 1961 à
1963 dans une entreprise de
Champigny.

Déjà la défense de la sécurité
sociale est une de ses préoccupations
majeures. Henri participe
activement à l’action, distribue
des tracts aux portes
des entreprises. Cela lui vaut
d’être licencié. Il connaît le
chômage et sa femme l’incertitude
du lendemain, avec ses enfants à élever.

En 1962 fin du conflit Franco-algérien, Henri
adhère au Parti communiste français. Faut-il voir dans ce pas en avant qualitatif sa résolution
de s’opposer toujours mieux, clairement, en
conscience, aux mauvais coups portés aux
acquis de la résistance, par le patronat et la
bourgeoisie ?

À partir de cette date, son activité militante est
décuplée.

À Chennevières, avec ses
camarades de la cellule Gabriel
Péri du PCF, Lucien Brizé,
Conin, Pierre Gobert, Roland
Gerin... il est acteur de l’affaire
Garaudy, Jackie Lepage, Michel
Racaud, Jean Caudron et bien
d’autres, sont des proches.

Ensemble, ils ont été au coeur
de la vie du parti dans la ville et
au-delà. C’est grâce à ces animateurs qu’aujourd’hui
encore la flamme et le drapeau du Parti
communiste vivent dans Chennevières et le
département.

En 1968 Henri est élu à la
direction de l’Union locale
CGT de Champigny.

En 1971 Robert Mathieu lui
succède lorsqu’il est appelé à
l’UL de Rungis où il milite avec
succès de 1971 à 1981, en particulier
sur l’essentiel : le renforcement
de la CGT.

Sous son impulsion, les
effectifs passent de quelques
centaines à 3000 adhérents.

À partir de 1981 jusqu’à
1993, sa sensibilité pour les
questions sociales et financières
le pousse vers la gestion mutualiste. Il devient
Président de la mutuelle des travailleurs du Valde-
Marne. À ce niveau Henri appréhende la
politique mutualiste française dans toutes ses
dimensions.

Ce riche savoir, accumulé au cours de ses
années de combat, il l’a partagé avec toutes
celles et ceux qui l’on approché.

Féru d’histoire, en particulier de la Révolution
française, et conscient du temps qui lui était
compté, il me demandait il y a deux ans, de l’accompagner
à la maison des syndicats Michel Germa à Créteil, pour déposer dans le centre
d’histoire toutes les archives en sa possession.

Quelques temps auparavant, il
transmettait le drapeau PCF à
Alain Audhéon. Gestes hautement
symboliques de sa
volonté de conserver la
mémoire de ces luttes
ouvrières auxquelles il a tant
donné.

La retraite aurait pu être pour
cet homme, le temps du repos
bien gagné. Ce temps avec sa
famille, sa femme, ses filles, ses chers petits
enfants.

Elle tourne rapidement au cauchemar, la
maladie est un calvaire pour la victime et ses
proches. La mort au-delà de la douleur, pour
ceux qui restent, peut apparaître
comme une délivrance
pour tous.

La médecine du temps refermera
peu à peu la blessure
ouverte en ce moment de
deuil pour la famille, les
proches, amis(es) et camarades.

Restera en nous tous, réunis
aujourd’hui pour honorer le
mari, le père et grand-père, le
parent, l’ami, le camarade, le
souvenir impérissable d’un
homme droit, généreux et
bon qui a voué sa vie, sans concession, à la
défense des idéaux de la classe ouvrière.

Adieu Henri,
adieu Ami,
adieu Camarade.
 »

Gérard Bussièt