Éric Besson ou la tentation de la trahison

Avec la énième mouture de la loi sur l’immigration M. Éric Besson vient de franchir un nouveau cap dans la remise en cause des Droits de l’Homme.
Ceci confirme que les mesures précédentes, comme feu le débat sur l’identité nationale, ont fait preuve de leur inefficacité.
Mais qu’importe l’homme persiste et toute honte bue continue sa lente mais inexorable trahison de ce qu’il défendait hier.
Certes idéologiquement les temps sont troublés et l’actualité ne manque pas d’hommes et de femmes politiques qui sans aller jusqu’à dire qu’ils retournent leur veste, changent au moins de casquette.

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Éric Besson
CC by-sa MEDEF


Tels ministres, communistes hier, rejoignent aujourd’hui ceux avec qui ils hésitaient de s’allier naguère, à contrario, tel ancien ministre socialiste,vilipende la social-démocratie, ou encore cette ministre il y a peu ni P…. ni S…. et qui aujourd’hui répète à l’envie la voix de son maître, et j’en passe, écrivains, philosophes,artistes, etc., etc., jusqu’à un ex-secrétaire général d’un parti révolutionnaire, aujourd’hui rangé sous la bannière socialiste.
Ce n’est pas la girouette qui tourne disait Edgar Faure, c’est le vent.
Et puis soyons francs, si au lieu d’Éric Besson nous avions sous la main un homme de droite qui serait passé à gauche, il y a fort à parier que nous ne taririons pas d’éloge sur son parcours. (Bizarrement j’aurais voulu donner un exemple mais je n’en trouve pas ! si vous en connaissez merci de me le signaler).
Donc refusons le lynchage de l’homme mais disons que ce qui intrigue avec Éric Besson,c’est non seulement qu’il ait changé d’avis, mais qu’en plus il accepte avec pugnacité de s’attaquer aux valeurs qu’il défendait hier, il ne pense pas autrement, il pense contre !
Ceci illustre bien que dans le reniement il n’y a que le premier pas qui coûte, le second est déjà plus facile, le troisième naturel et au quatrième pas vous courrez, et ainsi de suite de plus en plus vite.
Mais l’histoire nous apprend aussi que dans cette course folle, on a tôt fait de se casser la figure.
Comparaison n’est pas raison, mais pour éclairer notre propos nous voudrions rappeler quelques exemples célèbres :

Marcel Déat

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Marcel Déat
D.R.

Agrégé de philosophie, il adhère à la SFIO en 1914, il a 20 ans. En 1926 il est élu député. Mais dès 1933, il fonde un parti socialiste dissident dont le mot d’ordre est « Ordre, Autorité,Nation ». Il refuse l’adhésion au Front populaire.Il est munichois en 38 mais en 40 s’éloigne du gouvernement de Vichy qu’il trouve réactionnaire ! En 41 il fonde le « Rassemblement National Populaire » dont la vocation est de collaborer avec l’Allemagne pour « protéger larace  ». En 41, il est blessé avec Laval dans un attentat. En 43, il entre au gouvernement avec Darnand et Doriot et sera ministre du travail en mars 44.Il rejoint Sigmaringen en Allemagne puis en 45 trouve refuge dans un couvent près de Turin, où il meurt en 1955.

Jacques Doriot

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Jacques Doriot visite le front de Normandie en uniforme officiel de la LVF.
D.R.

Né en 1898, il adhère à18 ans à la SFIO, après le congrès de Tours il rejoint le Parti communiste où il réalise une brillante ascension, il sera même candidat au poste de Secrétaire général. Il est élu en1923 député de Saint-Denis.
Cependant il est exclu du PCF en 1934 pour avoir fondé un front antifasciste avec des socialistes et des Radicaux. En 1936 il fonde le « Parti Populaire Français » où adhèrent des communistes et des fascistes. Avec l’arrivée du Front populaire qu’il avait été le premier à souhaiter il vire à 180° et devient fasciste. En 40, il se prononce pour la collaboration et soutien le Maréchal Pétain. Il anime Radio Paris et se consacre à la lutte contre les Bolcheviks. Il fonde avec Déat la LVF dont il dirigera le premier contingent en 1941, ce qui lui vaudra la croix de fer. Il entre au gouvernement en1943. La défaite approchant Il rejoint l’Allemagne à Sigmaringen et trouvera la mort sous l’uniforme allemand,mitraillé par un avion allié.

Pierre Laval

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Pierre Laval et Carl Oberg, Chef Supérieur de la SS et de la Police pour la France.
D.R.

Adhère à la SFIO en 1905, en 1914 il est élu député d’Aubervilliers, puis maire en 1923. Peu à peu il s’éloigne de la SFIO, pour glisser à droite,en 1924 il est réélu député socialiste indépendant face à un SFIO. En 1927 il est élu sénateur sans étiquette, mais avec le soutien de la droite. Il sera plusieurs fois ministre avant d’être chassé du pouvoir parle Front populaire. Devenu homme d’affaire il accumule une importante fortune dans les médias.
En 1940 il met son empire au service de Pétain puis rentre au gouvernement comme vice-président du Conseil. Il est l’organisateur de la rencontre de Montoire. Limogé par Pétain, il demeure sous la protection des Allemands. Il est victime d’un attentat en 1941. Mais en 1942, sous la pression des allemands il est nommé chef du gouvernement par Pétain. Il déclare dans un discours : « Je souhaite la victoire de l’Allemagne,parce que sans elle le bolchevismes’installerait partout  ». Il favorise l’occupation et sa responsabilité dans la chasse aux partisans et dans la rafle du Vel’ d’Hiv, pour ne citer que cela, est accablante. Il organise le STO.
En 1943 il met en place la milice. C’est lui qui livre Léon Blum, Paul Raynaud et Édouard Daladier aux nazis.La fin approchant il est de ceux que les allemands amènent à Sigmaringen. Il fuit en Espagne en 1945 où il est arrêté et remis au gouvernement du Général de Gaulle. Il est fusillé le15 octobre 1945 dans la cour de la prison de Fresnes.Reconnaissons à Monsieur Besson que Sarkozy n’est pas l’Allemagne nazie et que ses propos n’encourent pas le peloton d’exécution. Il est aujourd’hui un réactionnaire parmi tant d’autres dont l’histoire de l’humanité ne retiendra sans doute rien.

Jacques Aubert