Paix au Viêt Nam

Choisy-le-Roi–Viêt Nam, histoire d’une amitié

Il y a 40 ans, le 23 janvier 1973 étaient signés à Paris les Accords de paix mettant fin à la guerre du Viêt Nam. Pendant tout le temps de la négociation, la délégation vietnamienne séjournait à Choisy-le-Roi.

Le temps des guerres

Entre 1858 et 1885, la France prend possession du pays au terme d’une longue résistance de la monarchie et du peuple. C’est le début de la colonisation.

En 1945, à la fin de la 2nde Guerre mondiale, la France qui vient de se libérer de l’Occupation allemande, ne renonce pas à son empire colonial. Les accords de Postdam prévoyaient le désarmement des Japonais qui s’étaient emparés du pays en 1940. Les Britanniques et les Chinois sont chargés de l’administration temporaire du Viêt Nam. Les Britanniques, ayant d’autres soucis, laissent les Français reprendre Saïgon, puis le général Leclerc occupe Hanoï. Cependant, le haut-commissaire Thierry d’Argenlieu décrète, unilatéralement, avec l’appui de certains ministres, une république autonome de Cochinchine.

Le Viêt Nam avait été reconnu comme un État libre au sein de l’Union française. Des pourparlers qui se déroulent à Fontainebleau échouent. Le bombardement de Haiphong par la marine française amène l’armée du Viêt Minh, sous le commandement du général Giap, à répliquer. L’irréparable est enclenché. C’est la première guerre du Viêt Nam qui commence. Elle prendra fin le 7 mai 1954 par la défaite de l’armée française dans la cuvette de Diên Biên Phu.

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Que dit la presse ?

Du printemps 1953 au début 1954 le correspondant du Figaro en Indochine, Étienne Anthérieu, propose le tableau le plus complet de la situation militaire, dans un article‑synthèse au titre fort révélateur d’un certain optimisme qui régnait alors dans les milieux modérés français : «  La troisième semaine de janvier marque un tournant dans la guerre d’Indochine » (23-24 janvier). «  Navarre ne cesse de harceler les arrières Viêt Minh », écrit-il.

En adoptant un plan offensif, le commandement français perturbe l’ennemi : «  L’ascendant a changé de côté. Au tour du Viêt Minh de ne plus savoir d’où lui viendra le prochain coup. » Les succès du CEF vont accroître le moral de l’armée Bao Dai et, en contrecoup, mettre en difficulté l’adversaire ; car «  dans l’ombre des réguliers Viêt Minh, endoctrinés et fanatiques, combien d’indécis, d’attentistes ? ».

Comment réagit le journal l’Humanité ? Le plan Navarre est d’ores et déjà un échec. L’état-major français semble accentuer sa fuite en avant pour satisfaire «  les exigences américaines qui veulent qu’une fois les dollars versés, les soldats français se battent bien » (23 novembre). Il est intéressant de noter qu’à côté de cette critique de principe figure une appréciation plus technique : «  Ce nouveau camp, comme les autres créés précédemment, est entièrement tributaire de l’aviation puisque 200 kilomètres de territoires libérés par l’armée vietnamienne le séparent des bases du corps expéditionnaire, ce qui exclut également toute idée de retraite dans la jungle. » 

Le revers français à Diên Biên Phu, auquel s’ajoute l’opposition massive de l’opinion publique à cette guerre entraîne le président du Conseil, Pierre Mendes-France à signer les Accords de Genève. Le Viêt Nam est coupé en deux au niveau du 17e parallèle.

Au nord, sous la direction du Viêt Minh et du président Hô Chi Minh, est instituée la République démocratique du Viêt Nam alors qu’au sud, les troupes françaises sont progressivement remplacées par les troupes des États-Unis. Des élections sont programmées. Elles n’auront jamais lieu.

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Face à l’occupation par les États-Unis les combattants Viêt Minh restés au sud lanceront la guerre de reconquête. Les États-Unis et quelques quarante autres pays apportent leur soutien au sud alors que la Chine et l’URSS apportent le leur au nord.

La deuxième guerre du Viêt Nam commence. L’engagement de plus en plus important de l’armée américaine n’empêchera pas, en 1970, l’ouverture de négociations à Paris qui se termineront en 1973.

Les troupes américaines ne sont plus opérationnelles mais le gouvernement du Sud-Viêt Nam continue les opérations militaires qui se termineront par la prise de Saïgon par les troupes Viêt Minh.

La ville qui deviendra Hô-Chi-Minh-Ville voit le départ précipité des conseillers américains et l’exil pour le moins mouvementé de ce que l’on appellera les boat-people. Le Viêt Nam est réunifié.

C’est à l’occasion des négociations de Paris que Choisy-le-Roi entre dans cette histoire en hébergeant la délégation vietnamienne dans les locaux de l’École des cadres du Parti communiste français située avenue du général Leclerc, dans l’ancienne résidence de Maurice Thorez, qui fut son secrétaire général et vice-président du Conseil dans le premier gouvernement du général de Gaulle à la Libération.

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Les Accords de paix de Paris

La guerre s’enlise et les moyens mis en œuvre par les USA sont de plus en plus contestables et contestés. Le président Nixon qui a succédé au président Kennedy, mort assassiné à Dallas, tente un rapprochement avec la Chine qui soutient la lutte des vietnamiens. Dès la fin de 1960 des pourparlers sont engagés d’autant que Nixon espère sa réélection par une opinion publique lasse de cette guerre lointaine coûteuse en hommes et en dollars. Le processus est dès lors en marche.

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Le temps des négociations

La délégation vietnamienne s’installe donc dans les locaux de l’École des cadres du Parti communiste français, avenue du général Leclerc à Choisy-le-Roi. Cette solution a été préférée à toute autre plus coûteuse. Nos amis vietnamiens ont pu bénéficier d’une logistique apportée par la municipalité et des bénévoles choisyens.

Un pavillon de la rue Darthé servira de lieu de négociation discret dans lequel se retrouveront fréquemment Henry Kissinger et la direction de la délégation vietnamienne. Les premières rencontres secrètes débuteront le 20 janvier 1970 pour une signature protocolaire des accords à Paris le 23 janvier 1973.

1972 verra la réélection de Richard Nixon sur la base programmatique de la paix au Viêt Nam. C’est le seul élément qui lui permettra le succès. Dans les faits, contre l’avis des militaires, mentant au Congrès des États-Unis, il croie aveuglément à la victoire, un incident rapporté par les chroniqueurs en est la terrible preuve. Un soir, Henry Kissinger aurait appelé tous les plus hauts responsables militaires leur enjoignant de ne répondre à aucun prix aux ordres du président Nixon pris de boisson et qui s’apprêtait à déclencher l’offensive nucléaire au Viêt Nam.

La solidarité

3 mai 1971, grand rassemblement à Washington : 500 000 manifestants, dont de très nombreux anciens combattants, se sont retrouvés dans la capitale fédérale américaine pour dénoncer la guerre du Viêt Nam commencée en 1964. Les forces de l’ordre procèdent à l’arrestation de 7 000 personnes, remplissant les prisons du district de Columbia et même un stade.

Le séjour à Choisy

Hélène Luc

Sénatrice honoraire, vice-présidente du Conseil général honoraire, alors jeune conseillère générale du canton de Choisy-le-Roi, présidente d’honneur de l’Association d’amitié franco-viêtnamienne.

La délégation vietnamienne de la République socialiste du Viêt Nam est arrivée le 10 mai 1968 à Paris. Quelques semaines plus tard, ne pouvant plus payer l’hôtel Lutétia, elle arrive à Choisy-le-Roi dans l’ancienne maison de Maurice Thorez devenue l’École centrale pour la formation des cadres du Parti communiste français.

Témoignage :
« J’étais alors secrétaire de la section locale du Parti communiste français et je venais d’être élue, en octobre 1967, conseillère générale. Nous étions en plein mouvement social de mai 68. Les usines de Choisy-le-Roi étaient en grève (cristallerie, fonderies, Mafo, Prestil, Prache de Franlieu), les militants qui apportaient, chaque jour, des repas confectionnés par la municipalité aux grévistes. Le 13 mai eut lieu la grande manifestation sur le Champ de Mars où se sont rejoints les ouvriers et les étudiants aux cris de “Ho Ho Hô Chi Minh”. Cela symbolisait, pour toute une génération, la résistance à la toute-puissance américaine et l’exigence d’un grand changement social.

Ce jour-là, Xuân Thuỷ et Hariman se rencontraient pour une séance plénière et échangeaient leur première poignée de main. Ce 13 mai a soulevé une immense vague d’espoir. Notre combat s’interpénétrait avec celui des vietnamiens qui voulaient simplement vivre libres et en paix.

Avec Fernand Dupuy, député maire, Louis Luc, André Lecourt, André Grillot, adjoints, et Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste français, nous nous sommes sentis investis d’une grande responsabilité mais nous avons vécu cela comme un privilège.

Nous avons mis tous les moyens pour permettre à la délégation conduite par nos regrettés amis Lê Đức Thọ et le ministre Xuân Thuỷ de travailler dans les meilleures conditions possibles. Nous les avons entourés de toute notre affection. Nous étions un peu leur famille. Il arrivait souvent qu’ils apprennent la mort d’un de leurs amis au combat et notre présence leur était précieuse. Les fêtes du Têt et les réceptions municipales étaient l’occasion de nous retrouver. Notre municipalité, avec à sa tête Fernand Dupuy, était fidèle au combat anticolonialiste de la première heure et nous considérions comme un devoir d’être les plus actifs pour gagner la paix avec Henri Martin et Raymonde Dien.

Nous avions le désir de développer la lutte pour la paix et obliger les américains à signer un accord. Pour montrer le soutien apporté à la délégation vietnamienne de nombreux amis, de toutes opinions, défilaient, porteurs de pétitions.

Le début des négociations avait été précédé de la grande offensive du Têt des 30 et 31 janvier 1968 menée dans près de 100 villes du Sud. Le monde entier apprend que l’armée du Viêt Nam, commandée par le général Giap, avait lancé une grande offensive, surprenante par son ampleur et son efficacité, où s’affrontaient 543 000 soldats américains contre 80 000 soldats vietnamiens. Cette offensive apportait la preuve de l’impuissance de la prétention des américains à gagner cette guerre.

[...]

Le président des USA a été contraint de s’asseoir à la table des négociations mais il gardait l’espoir que le Sud ne lui échapperait pas. Ses représentants à Paris, salle Kléber, entretenaient un chantage ignoble en disant : “Tant que vous livrerez approvisionnements et armes aux vietnamiens du Sud nous continuerons à bombarder le Nord”. Les vietnamiens répondaient, inlassablement : “Le peuple vietnamien est unique, il faut l’accepter”. Le ministre Xan Thui nous répétait : “Nous ne céderons jamais malgré les pertes humaines et matérielles”. Le journal l’Humanité révèle, par sa correspondante Madeleine Riffaud, le massacre de Mỹ Lai avec 500 cadavres d’enfants, de femmes et d’hommes mutilés. Pendant 3 ans ce sont 372 000 tonnes de napalm et chaque jour, une tonne de bombes qui tombent sur le sol vietnamien. De 1977 à 1971, 72 millions de litres d’herbicide dont 40 millions de dioxine (agent orange) ont détruit 2 millions d’hectares de forêt et de rizières et contaminés 4 800 000 personnes à des degrés divers laissant 1 million de veuves, 950 000 orphelins, 100 000 aveugles. C’est aujourd’hui la 4e génération encore victime de cet empoisonnement qu’américains et industriels fabricants (Monsanto, Dow chemical, etc.) refusent de reconnaître.

Lorsque le 2 septembre 1980 une délégation de Choisy-le-Roi, conduite par son maire Louis Luc, a été invitée au Viêt Nam nous avons eu le bonheur de rencontrer le général Giap. Il nous a serrés dans ses bras en nous disant :

Nous n’avons jamais douté de la victoire car pour faire la guerre il faut des hommes et des armes. Les américains avaient les armes les plus puissantes, les plus nombreuses mais pas des hommes motivés. Nous oui !”.

Le siège historique de la délégation aux accords de Paris est devenu la maison des vietnamiens et porte une plaque apposée le 21 juin 2003. Quant au pavillon de la rue Darthé qui vit les négociations secrète avec Henry Kissinger, il a été filmé par la télévision vietnamienne. À cette occasion, un garçon d’une douzaine d’années est entré et a répondu simplement aux journalistes : 

Oui je sais qu’il y a eu des discussions et des personnages importants du Viêt Nam et américains pour la Paix.” »

Voilà, l’histoire continue !

Claude Rouard : Des riverains paisibles

« J’habitais et j’habite toujours avenue du 25 août à Choisy à côté de l’avenue du général Leclerc où il y avait la délégation vietnamienne qui y a été cinq ans. Chaque fois que je me déplaçais pour aller à mon travail ou que je revenais le soir, il m’est arrivé plusieurs fois de me trouver, en même temps qu’arrivaient les représentants de la négociation à Paris. Je voyais passer, en trombe, les voitures avec leurs petits fanions sur les ailes, escortées de motards, et tout ça s’engouffrait dans ce qui avait été la résidence de Maurice Thorez. J’avais conscience qu’il s’agissait d’un moment historique car nous, en tant que français, on sortait de la guerre du Viêt Nam où on avait payé avec beaucoup de victimes. Étant donné que les conférences antérieures avaient été des semi-échecs, là, on espérait que ce serait la bonne et on a été très contents de la signature.

On est fier quelque part d’avoir été les témoins d’un événement historique.

La fin de la guerre du Viêt Nam, c’est quelque chose ! Mais, honnêtement, ça n’a pas changé notre vie. C’était très discret et la seule contrainte c’était que l’on ne pouvait pas marcher sur le trottoir contigu à leur résidence qui était gardée jour et nuit par des agents de police. Cette résidence avait vu l’arrivée des troupes allemandes en 1940.

Ils en avaient fait leur Kommandantur avant de devenir, en 1945, la résidence de Maurice Thorez qui l’a habitée plusieurs années. Ensuite cet immeuble est devenu l’École du Parti communiste français. Le Petit château n’est plus visible de la rue car caché par de nouveaux immeubles. Une plaque commémorative de la présence de la délégation vietnamienne a été placée en souvenir. J’ai été un simple témoin oculaire avec un voisinage avec des gens discrets et courtois. »

F. S. : Nouveaux hôtes au « Château »

« Je connaissais bien le Petit château ainsi que les fils de Maurice Thorez. Nous avions fréquentés les mêmes “surprise-party”. Donc pendant le séjour de la délégation vietnamienne nous sentions qu’il se passait des choses importantes pour l’histoire contemporaine ».

T. D. : Jeux d’enfants

« Nous avions 10-13 ans et nous jouions à la guerre vers la Belle Épine à coup de marrons. Un groupe d’asiatique en promenade, tous costumés à l’identique, en bleu marine, nous aborda :
— Vous jouez avec les marrons au lieu de les manger ?
— Mais ce ne sont pas des châtaignes. Ce sont des marrons et c’est du poison…
— Alors les marrons glacés, c’est quoi ?
— Ce sont de grosses châtaignes.

La conversation engagée nous apprit qu’ils étaient vietnamiens et qu’ils discutaient avec les américains pour arriver à la paix au Viêt Nam, qu’ils en avaient assez de la guerre et qu’ils espéraient une paix rapide.

L’un de nous leur a alors suggéré de donner des marrons à manger aux américains pour s’en débarrasser ce qui les fit beaucoup rire. Ils nous citèrent alors le chanteur Henri Salvador qui diffusait son succès du moment Kissinger – Le Duc Tho...

Janine Rubin : À table...

« J’étais employée à la mairie de Choisy-le-Roi et le premier adjoint, André Lecourt, me proposa de servir les repas à la délégation vietnamienne. J’étais très étonnée d’avoir été choisie ainsi que mes camarades. Je n’étais pas militante mais j’étais fière de la confiance que l’on mettait en moi. Nous étions quatre ou cinq et c’était une surprise et une fierté pour nous de servir des personnalités vietnamiennes mais aussi françaises comme Georges Marchais. Ça se passait le soir après le travail. Je me souviens que pour le premier de l‘an, ils nous avaient installées à leur table et ils nous avaient servis. Nous avons été très flattées par ce que nous avons ressenti comme une récompense. Nous étions très discrètes sur cette activité d’abord par rapport à notre employeur mais aussi parce que la présence de la délégation n’était pas popularisée. Je n’ai malheureusement pas pris de notes sur les événements auxquels j’aurais pu assister. De plus, mes camarades sont décédées sauf une qui n’a pas tenu à s’exprimer. Nous étions occupées par notre travail et les vietnamiens s’exprimaient dans leur langue donc nous n’avions aucune information particulière. Les repas que nous servions étaient des repas vietnamiens et j’avoue que ce n’était pas trop un régal pour moi ces viandes en sauces et ces champignons… De toute façon j’en garde un très bon souvenir, l’ambiance était très sympathique mais ça n’a pas duré très longtemps peut-être un mois, un mois et demi. Et après je ne sais pas si ça a continué. »

Anonyme : Sécurité... Sécurité...

« J’étais auprès de la direction du Parti communiste comme garde du corps de Jacques Duclos et Georges Marchais. J’avais été chargé de la sécurité de la délégation vietnamienne dans les premiers jours. Il me fallait trouver des camarades sûrs et discrets. Mais nous n’étions pas proches des événements ni des négociateurs. Nous étions en permanence à Choisy jour et nuit. Mais la police française était présente aussi avec des agents en civil. Nous n’avons pas eu, heureusement, à intervenir. À la fin j’ai été invité au Viêt Nam. J’ai été reçu comme un roi ! J’ai même eu une décoration ! »

Nicole Tampogliéri : L’amitié au concret

« L’Association d’amitié franco-vientamienne (AAFV) a une longue histoire avec le Viêt Nam : créée en 1961, elle n’a cessé d’être solidaire avec le Viêt Nam, de le faire connaître et de le soutenir.

Le Comité choisyen créé en 2009 mène des actions dans les champs de la culture, de la francophonie, dans l’esprit d’un dialogue interculturel et d’une solidarité revisitée.

Le Viêt Nam mène une politique de modernisation de son système d’éducation et de formation.

Nous y apportons notre contribution dans le cadre d’une convention avec le département de français de l’Université nationale de Hanoï : financement de bourses pour des étudiants “pauvres et méritants”, abonnements pour le Centre de documentation, accueil à Choisy d’étudiants vietnamiens pendant l’été. Dans le cadre du jumelage avec Dong Da, nous avons participé activement en juin 2011 à l’accueil à Choisy de 11 enfants de l’école Nam Thanh Cong de Dong Da, 11 enfants de 10 à 11 ans qui étudient le français depuis l’âge de 6 ans. Et nous avons contribué à la préparation et à l’accompagnement des 11 enfants de Choisy qui sont partis au Viêt Nam en juillet 2012. Voir le film réalisé par notre ami Christian Do Huu, Le pays de nos amis.

Le 16 juin 2011, à la Médiathèque Louis Aragon, nous avons organisé une conférence-débat de Tran Dinh Binh, sur l’éducation et la formation au Viêt Nam. En février 2012, 37 œuvres de Dominique de Miscault étaient exposées, donnant à contempler 37 poèmes de Tran Dang Khoa, poèmes de jeunesse,comme ceux qu’à 10 ans il envoya à Hô Chi Minh pour son anniversaire, et poèmes de la maturité. »

Daniel Davisse, maire de Choisy-le-Roi

« Nous nous sentons un peu responsable du suivi de l’histoire des négociations pour la paix au Viêt Nam avec les américains. Le séjour de la délégation du Nord-Viêt Nam dans les locaux de l’École centrale du Parti communiste français le justifie, de même que les rencontres secrètes avec Henry Kissinger dans le pavillon de la rue Darté. Je me suis battu pour que le Petit château ne soit pas détruit dans une opération immobilière qui a été réalisée sur ce terrain.

Je ne désespère pas que cette maison puisse devenir un lieu de ressources autour de la civilisation vietnamienne. L’idéal serait qu’on puisse y ajouter un lieu de ressource américain. Il s’agit pour nous d’événements majeurs dans l’histoire de notre ville. Nous avons donc le Viêt Nam au cœur et nous allons participer à la commémoration de la signature des Accords de Paris mettant fin aux opérations militaires américaines sur le sol vietnamien. Viêt Nam au cœur, aussi, par notre jumelage avec Dong Da un grand arrondissement de Hanoï de 350 000 habitants. Nous sommes très satisfaits des relations d’amitiés que nous avons nouées avec nos amis vietnamiens. Les vietnamiens sont attachés à notre ville et nous recevons, parfois du jour au lendemain, des délégations venant sur Paris et qui tiennent à visiter le lieu de séjour de leur délégation aux Accords de Paris. Et nous sommes très honorés d’être reçus avec les honneurs dus aux hautes personnalités chaque fois que nous nous rendons à Hanoï. En ce qui me concerne, à l’époque des négociations, j’étais instituteur et militant communiste à Vitry. J’ai donc vécu les luttes pour la paix au Viêt Nam et participé aux actions de solidarité comme “Un bateau pour le Viêt Nam”. Notre génération de militants n’a probablement pas manqué une manifestation pour la paix au Viêt Nam. Je me souviens d’un jour où, passant avec mes élèves de CM2 devant le cinéma Le Robespierre une affiche représentait Angela Davis, militante pour la paix, ils me posèrent la question :
— C’est votre sœur ?.
— Bien sûr que non ! Nous n’avons pas la même orthographe.

Mais cela me donna l’occasion, de manière très neutre et laïque, d’aborder ces questions en classe. Nous avons reçu, d’ailleurs, Angela Davis à Choisy-le-Roi. Récemment nous avons organisé des rencontres d’enfants du CM2 avec leurs homologues vietnamiens. Plusieurs d’entre eux sont allés au Viêt Nam et nous avons reçu en retour des élèves vietnamiens. Nos villes ont d’ailleurs une tradition ancienne de solidarité avec les enfants de pays en guerre et il me vient à l’esprit l’accueil à Choisy d’enfants sahraouis. »

Les négociateurs

Henry Kissinger, Richard Nixon, Nguyen Thi Binh, Lê Duc Tho, Xuân Thuỷ et un représentant du gouvernement du Sud-Viêt Nam.

Le général Võ Nguyên Giáp

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Le général Võ Nguyên Giáp

Né le 25 août 1911 dans la province centrale de Quang Binh, Giap n’était pas destiné à devenir un soldat. Mais ses tactiques inspireront les combattants du monde entier pour des décennies.

Venu étudier puis enseigner l’Histoire à Hanoï, il s’enfuit à la fin des années 1930 en Chine. Il y rencontre l’Oncle Hô qui le charge de fonder l’armée révolutionnaire Viêt Minh fin 1944.

Entre-temps, sa haine de la puissance colonisatrice n’a cessé de croître, alimentée par le décès de sa première femme dans une prison française.

Après la victoire à Diên Biên Phu, Giap continue de diriger ses troupes pendant la guerre du Viêt Nam contre les Américains et leurs alliés du Sud-Viêt Nam, jusqu’à la prise de Saïgon le 30 avril 1975.

Hô Chi Minh

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Hô Chi Minh

Hô Chi Minh naît vers 1890 à Huang Tru. Son père est fonctionnaire (mère décédée en 1901). Il part en Europe en 1911 poursuivre des études, à Londres d’abord entre 1914 et 1919, puis à Paris, où la politique coloniale française est de plus en plus contestée. En juin 1919, il publie un manifeste sur les Revendications du peuple annamite. Il participe au Congrès de Tours qui voit la naissance du Parti communiste français.

En 1923, il quitte Paris pour Moscou et suit la formation du Kominterm. En 1941, il rentre au Viêt Nam et prend, en août 1942, le nom d’Hô Chi Minh. Des groupes sont organisés en une Armée de libération nationale commandée par Giap, pour lutter d’abord contre l’occupant japonais, puis contre l’armée coloniale. Un gouvernement provisoire est formé le 29 août sous la direction d’Hô Chi Minh. L’élection d’une Assemblée constituante le 6 janvier 1946 est un triomphe pour le Viêt Minh. L’échec des négociations avec la France conduit à la guerre.

Hô Chi Minh, malade, voit son armée l’emporter lors de l’offensive du Têt de 1968 (janvier à mars). Il meurt en 1969.

Henry Kissinger

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Henry Kissinger

Né en 1923 en Allemagne, fils d’instituteur, sa famille fuit les persécutions nazies. Il sera naturalisé citoyen des USA en 1943. Après la guerre, il sera diplômé en science politique de l’université d’Harvard. Secrétaire d’État aux Affaires étrangères du président Nixon, il conduira la délégation des USA aux Accords de paix de Paris.

Richard Nixon

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Richard Nixon

Né en 1913, fils de petits commerçants, il fait des études de droit. Il sera le vice-président du président Eisenhower. Élu à son tour président en 1968, il verra son mandat renouvelé en 1972 avant de démissionner en 1974 suite à l’affaire d’espionnage de ses adversaires dite « du Watergate ».

Nguyen Thi Binh

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Nguyen Thi Binh

Née en 1927 madame Bình a travaillé comme enseignante après ses études secondaires. De 1945 à 1951 elle milite dans des organisations contre le colonialisme français puis américain. Elle est arrêtée et emprisonnée de 1951 à 1953. Après les Accords de Genève qui mettent fin à la colonisation française, elle est une des dirigeantes du Front de libération du Sud-Viêt Nam. C’est comme représentante de cette organisation qu’elle sera présente aux Accords de paix de Paris. Elle sera, par la suite, ministre de l’Éducation nationale puis vice-présidente du Viêt Nam réunifié.

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Lê Duc Tho

Lê Đức Thọ

Lê Đức Thọ, pseudonyme de Phan Dinh Khai (1911-1990), est né dans le nord du Viêt Nam. Deux fois emprisonné pour ses activités nationalistes par les Français (1930-1936 et 1939-1944), Il deviendra l’un des dirigeants du Nord-Viêt Nam.

De 1968 à 1973, il sera le chef de la délégation nord-viêtnamienne aux Accords de paix de Paris.

Xuan Thuy

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Xuan Thuy

Ministre de la République démocratique du Viêt Nam, il dirige la délégation aux Accords de paix de Paris.

Traité de paix conclu entre les peuples des États-Unis, du Sud-Viêt Nam et du Nord-Viêt Nam

Que l’on sache bien que les peuples américain et vietnamien ne sont pas ennemis. La guerre est menée au nom des peuples des États-Unis et du Sud-Viêt Nam mais sans leur consentement. Elle détruit la terre et la population du Viêt Nam. Elle spolie l’Amérique de ses ressources, de sa jeunesse et de son honneur.

Nous décidons par le présent accord de mettre fin à la guerre dans les conditions suivantes, de telle sorte que les deux peuples puissent vivre heureux dans l’indépendance et se consacrer à l’édification d’une société fondée sur l’égalité des hommes et le respect de la terre. En rejetant la guerre, nous rejetons aussi toute forme de racisme ou de discrimination basée sur la couleur, la classe sociale, le sexe, la nationalité ou le groupe ethnique ; discriminations qui constituent le fondement de la politique de guerre, présente et passée, des États-Unis.

1. Les Américains consentent à se retirer immédiatement et totalement du Viêt Nam, et à fixer publiquement la date à laquelle toutes les forces armées des États-Unis seront évacuées.

2. Les Vietnamiens s’engagent, aussitôt que le gouvernement des États-Unis aura rendu publique la date limite du retrait total, à ouvrir des pourparlers pour assurer la libération de tous les prisonniers américains, y compris les pilotes capturés au cours des missions de bombardement sur le Nord-Viêt Nam.

3. Un cessez-le-feu interviendra immédiatement entre les troupes des États-Unis et celles du gouvernement révolutionnaire provisoire du Sud-Viêt Nam.

4. Les deux partis ouvriront des pourparlers sur les moyens aptes à garantir la sécurité des troupes au cours de leur évacuation.

5. Les Américains s’engagent à cesser d’imposer le pouvoir de Van Thieu, Ky et Tiem aux Sud-Vietnamiens en vue de garantir leur droit à l’autodétermination, ainsi que la liberté de tous les prisonniers politiques.

6. Les Vietnamiens s’engagent à former un gouvernement provisoire de coalition afin d’organiser des élections démocratiques. Tous les partis respecteront les résultats de ces élections auxquelles tous les Sud-Vietnamiens devront participer librement en l’absence de toute armée étrangère.

7. Les Sud-Vietnamiens s’engagent à ouvrir des pourparlers afin de fixer les procédures qui devront garantir la sécurité et Ia liberté politique de leurs compatriotes qui ont collaboré avec les États-Unis ou avec le régime soutenu par les États-Unis.

8. Les Américains et les Vietnamiens s’engagent à respecter l’indépendance, la paix et la neutralité du Laos et du Cambodge garanties par les accords de Genève de 1954 et de 1962, et à ne pas intervenir dans les affaires intérieures de ces deux pays.

9. Aux termes de cet accord, nous nous engageons à mettre fin à la guerre, et à résoudre tous les autres problèmes dans le respect mutuel de l’autodétermination, de l’indépendance et de la liberté politique du Viêt Nam et des États-Unis.

En ratifiant cet accord, nous nous engageons à mener toutes les actions appropriées pour mettre en œuvre les clauses de ce traité de paix et pour obliger le gouvernement des États-Unis à en reconnaître la validité.

Ce traité a été signé à Hanoï, Saïgon et Paris, au mois de décembre 1970, par l’Union nationale des étudiants du Sud-Viêt Nam, le Mouvement de libération des étudiants du Sud-Viêt Nam, l’Union nationale des étudiants du Nord-Viêt Nam et par l’Union nationale des étudiants des États-Unis. Il reçu l’approbation de l’ensemble des forces de paix aux États-Unis lors des réunions de Détroit (février 1971) et Washington (mars 1971).

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Histoire d’un décret

« Le soulèvement d’août 1945 au Viêt Nam eut la faveur de toute la communauté catholique, car à cette période, il y avait, en plus d’une base paysanne, un milieu petit bourgeois très sensible au courant nationaliste. Les quatre évêques vietnamiens adressaient le 23 septembre 1945 au Pape Pie XII, et le 4 novembre de la même année aux chrétiens du monde entier, une lettre collective demandant compréhension et aide à la lutte d’indépendance du peuple vietnamien.

La volonté de reconquête du Viêt Nam par les Français et surtout un décret du Saint-Office, en 1948, condamnant vigoureusement le communisme et tous ceux qui travaillent avec lui, devaient provoquer un revirement important de la part de l’Église catholique du Viêt Nam. En 1951, les évêques du Viêt Nam, dont la majorité était encore française, réunis à Hanoï sous la présidence du délégué apostolique, Mgr Dooley, publiaient une lettre collective dont l’essentiel consistait à rappeler les termes du décret du Saint-Office.

Suivant leurs évêques, la masse catholique devait alors manifester une résistance très grande à l’égard des autorités de la nouvelle République. Ce qui explique l’exode massif vers le sud au lendemain du partage du pays par la Conférence de Genève en 1954. »

Témoignage chrétien, 1972-1973

Épilogue Choisyen

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Xuân Thuỷ, Fernand Dupuy et Hélène Luc

Xuân Thuỷ avec Fernand Dupuy, député-maire de Choisy-le-Roi et Hélène Luc, à l’époque, conseillère générale du canton, lors des vœux du maire en 1973.

François Robichon Pierre Brondel
P.S. :

Cahier anniversaire du 40e anniversaire de l’Accord de Paix

  • Conception : Association Louis Luc de Choisy-le-Roi
  • Texte : Pierre Brondel
  • Recherche iconographique : François Robichon
  • Avec l’aimable autorisation : copyright Association de l’Amitié Franco-Vietnamienne de Montreuil (AAFV)