Congrès de l’union syndicale des retraités CGT : intervention de Denise Foucard

8 et 9 février 2012, Val-de-marne

L’Institut d’Histoire Sociale de la CGT est né en 1982, sous l’impulsion de Georges Séguy, et pour le Val-de-Marne de Roland Foucard.

Cela fait juste 30 ans, que 80 ans après la création de la CGT, a surgi l’idée, que la connaissance de l’Histoire du mouvement ouvrier, son analyse, pouvait être d’une réelle utilité pour une juste appréciation de la situation économique et sociale du présent, et donc un des éléments moteurs de la conduite des luttes.
La connaissance de notre patrimoine, son interprétation, face aux enjeux d’aujourd’hui, en donnant une appréciation des luttes d’hier, victorieuses ou non, permet de créer une rencontre mutuellement enrichissante entre le monde du travail et celui des historiens, des chercheurs, des sociologues et des universitaires, tant l’échec mondial de la dictature de la finance devient une réalité dramatique pour l’avenir de l’humanité.
Bernard Thibault, saluant le 24 janvier le trentième anniversaire de l’Institut, disait : « les efforts réalisés par les Instituts CGT permettent de propulser, dans les débats, des connaissances nouvelles, mais aussi, donnent à voir la complexité de l’histoire sociale ».

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Congrès de l’union syndicale des retraités CGT, février 2012

Leur action, conduite depuis 30 ans, démontre l’impérieuse nécessité qu’il y a pour la CGT et généralement pour le monde ouvrier à s’occuper d’histoire et à développer un travail de connaissance en ce domaine qui rend possible la compréhension du contenu de notre patrimoine.
On est souvent surpris des lacunes, pour ne pas dire les contre vérités et les falsifications dont usent les milieux politiques s’agissant de l’histoire, et ce phénomène est accentué dès lors qu’ils traitent du rôle, propre au mouvement syndical.
Sarkozy en fait une pratique coutumière ce qui démontre, s’il en était besoin, que l’action syndicale est perçue par les ennemis du peuple, comme une entrave réelle a la mise en œuvre de leur politique du pire.
Donc aujourd’hui, face à la crise dite de la dette que le pouvoir, aux ordres du Medef, voudrait présenter comme fatale, s’imposent les réalités des problématiques sociales, touchant le monde en son entier, et donnant à cette crise son véritable sens.
Le hold-up, frappant de régression sociale l’ensemble des peuples, sert à colmater leurs trafics financiers avides et hasardeux. C’est donc bien, au final, une crise humanitaire scandaleuse dont il s’agit.
Alors se pose la question ? qui triomphera du libéralisme a outrance ou du progrès social ?
La réponse syndicale est plus que jamais évidente, ce sera le rapport des forces ce qui implique une réelle prise de conscience, que l’antagonisme de classe ne subsiste pas seulement entre patronat et salariat, mais bien entre les pouvoirs exorbitants du capital financier et les besoins humains sacrifiés à échelle de la planète.
Il fut un temps ou il était de bon ton de jeter aux oubliettes de l’histoire, la lutte des classes, devenue par trop ringarde, où même la notion de classe ouvrière, disparaissait du langage d’une société d’un modernisme frelaté, vouée à la loi des plus nantis.

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Congrès de l’union syndicale des retraités CGT, février 2012

Aujourd’hui, on se montre un peu plus discret sur la question, puisque c’est bien la classe ouvrière et les classes moyennes qui sont menacées de payer au prix fort, le fiasco total du capitalisme des grandes fortunes, des banques et des multinationales.
C’est une désastreuse aventure, pilotée par des mannequins politiques dont la France et l’Allemagne détiennent 2 spécimens parmi les plus inconditionnels, donc les plus nocifs pour le continent Européen.
Il devient de plus en plus évident que le rapport des forces ne doit pas rester de l’ordre des intentions, mais qu’il doit rentrer dans la vie, comme la seule arme capable de renverser la situation, tant il est vrai de dire que l’insupportable est déjà atteint, mais que ce n’est pas fini, si un coup d’arrêt n’intervient pas.
Sans rappeler, ce que furent les grandes grèves victorieuses qui ont émaillé l’après 2e Guerre Mondiale, disons simplement que l’échec politique qui a malheureusement succédé aux formidables acquis sociaux arrachés par les grèves de 1968, a permis au grand patronat d’imposer une nouvelle forme de stratégie sociale visant à reprendre ce qu’il avait du concéder devant la puissance et la détermination de la grève, et de revoir du même coup les nombreux acquis antérieurs des salariés.
La grande offensive du capital industriel était lancée et le gouvernement de droite en devenait le fer de lance.
C’est dire que les multiples actions menées, en particulier celles de 1995 qui ont eu raison de JUPPE, contraint à abandonner son attaque en règle contre les retraites et la protection sociale, si elles n’ont pu enrayer la marche forcée vers la situation catastrophique que nous connaissons aujourd’hui, ont eu le mérite d’en retarder, et même d’en limiter les effets pervers immédiats.
Ils auront tout osé, les mensonges d’État les plus grossiers, qui remettent en mémoire ceux pratiqués dans la France de l’occupation, la mise au placard de toute forme de démocratie la désastreuse politique Européenne résultant d’orientations et de traités, pourtant refusés par le peuple français par voix de référendum.
Rien n’aura été épargné, ni le pouvoir d’achat, ni l’emploi, ni le logement, ni les retraites, ni l’école et l’avenir de la jeunesse, ni la culture marchandisée, sans doute pour mieux la soumettre aux pratiques nauséabondes du fric, ni le sacrifice de soldats Français dans des conflits plus que discutables, le tout avec pour objectif final la toute puissance des marchés, leurs spéculations débridées et la mise en pièce de tout progrès humain.
Il est donc urgent, comme vient de le préciser la CGT, que l’organisation syndicale, particulièrement ciblée par les méfaits du pouvoir, prenne des dispositions pour peser du poids des salariés, des privés de travail, des retraités, afin d’imposer la justice sociale au sein même de la campagne des présidentielles, si nous voulons mettre un terme à la catastrophe qui menace notre pays et toute l’Europe, utilisée par le capital financier comme gendarme à son service et appareil répressif des États.
Le formidable meeting organisé par la CGT au Zénith de Paris, malgré le black-out des médias a donné le ton de ce que doit être la lutte plurielle des forces de gauche pour mettre en échec l’entreprise sarkozyste de sabotage économique et social.
D’ailleurs la presse vassalisée a très bien compris les effets prometteurs d’actions concertées et leurs éditorialistes se laissent aller à des inconséquences comme l’accusation faite à la CGT de « mettre son indépendance entre parenthèse ».
Tiens, tiens, alors qu’ils ont toujours nié l’indépendance de la CGT, voila qu’ils confondent aujourd’hui indépendance et efficacité, tant ils craignent les suites que présage la déclaration de Bernard Thibault : « La CGT ne lâchera rien ».
Et le dossier retraite s’avère l’un des plus déterminants.
Décidément, les avocats du candidat fantôme de l’Élysée, qui eux sont, ô combien dépendants du grand capital, font de l’agitation obsessionnelle, tant les causes qu’ils soutiennent sont de plus en plus détestables aux yeux des Français qui à plus de 80 % refusent le sort désastreux de la Grèce.
La solution est pourtant d’une simplicité totale : aujourd’hui les plans de sauvetages sont faits pour les banques, les plans d’austérité pour le peuple, ce qu’il faut faire, c’est tout simplement l’inverse.
Dans les dangers collatéraux qui aggravent très dangereusement la situation présente, il en est un qui exige une mobilisation particulière, surtout si l’on s’en réfère à l’histoire, c’est la remontée du fascisme en Europe.
Lorsque l’Autriche lui ouvrit les portes de l’État, il y eut une réaction internationale de condamnation et de mise au banc des nations qui en freina l’ascension, sans toutefois l’arrêter.
Mais aujourd’hui où des groupes fascistes manifestent régulièrement en Allemagne et au Danemark, alors qu’ils viennent de prendre le pouvoir en Hongrie en créant une armée nationale nazie, cela ne suscite qu’indifférence des chefs d’États européens.
Il faut se rappeler que l’activité criminelle raciste et xénophobe de l’extrême droite ne prolifère que lorsque sévit la misère et le désespoir du peuple.
Ceci tend, hélas, à se généraliser, alors qu’au lendemain des horreurs de la 2e Guerre Mondiale, le monde entier avait pour mot d’ordre « Plus jamais ça ! »
C’est pourtant dans cette logique que s’inscrit le Front national en s’emparant des problèmes sociaux pour les instrumentaliser et les mettre au service de sa stratégie de pilleurs de la nation.
Les médias français s’ingénient à mettre sous l’éteignoir, ou à stigmatiser comme facteur de désordre, les actions de la CGT, mais ils font preuve d’un zèle particulier pour mettre en avant l’activisme, relooqué en super social, de la descendante du milliardaire Le Pen dont elle espère redorer le blason sévèrement terni.

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Congrès de l’union syndicale des retraités CGT, février 2012


Miraculeusement réincarnée en adepte de la laïcité et la justice sociale, pour les besoins de la cause, elle se présente comme l’issue de secours du monde ouvrier et multiplie les tentatives d’infiltration au sein du mouvement syndical, essentiellement lorsqu’il est faiblement ou pas organisé.
Le quasi silence médiatique fut par contre surprenant quant à sa présence en tant qu’invitée d’honneur au bal des fascistes de Vienne où se réunit annuellement, tout ce que l’Europe compte de nostalgiques revanchards du nazisme, sous le sigle de la Croix gammée.
Comme ils oublient de rappeler que cette supposée égérie de la classe ouvrière est aussi l’épouse d’un dirigeant du Front national, Louis Alliot, dit « Loulou la purge », dont les proches collaborateurs sont de vrais nazis qui continuent à lever le bras à l’hitlérienne et déploient sur Internet leurs violents discours racistes antisémites, sans oublier de traiter de terroriste le peuple Palestinien, sans doute pour éviter à M. Guéant, ministre de la police de le faire à leur place.
Quant à l’insistance des militants de droite de juger néfaste à l’expression de la démocratie le fait que Mme Le Pen n’arrive pas a obtenir les signatures nécessaire à sa candidature, cela touche à l’indécence et au peu de respect qu’il ont des élus.
C’est en fonction de toute ces raisons que l’Institut National à pris l’initiative, avec la direction Confédérale, d’alerter le peuple français sur les véritables désastres dont témoigne l’histoire du fascisme en France et en Europe.
Un débat, au siège de la CGT à Montreuil le 19 janvier dernier, réunissait près de 500 personnes pour écouter les dossiers accablants retraçant l’histoire de l’extrême droite par un historien, un politologue, un chercheur, un philosophe et Bernard Thibault pour la CGT.
Ces documents impressionnants seront diffusés fin février.
Notre Institut a pensé, en tant que porteur de notre patrimoine syndical, qu’il était indispensable d’étudier ces questions qui renforcent l’importance de la bataille à mener, sur tous les aspects dont débat notre congrès. Cela touche non seulement au contenu des revendications des retraités eux-mêmes, mais aussi à l’avenir de la démocratie et de la République.
Le poison est déjà décelable quand on sait que le ministre de la défense Longuet a un lourd passé de militant d’extrême droite, fondateur du groupe fasciste Occident, que plusieurs autres ministres ont tenu des propos racistes et xénophobe comme Hortefeux et Besson et bien sûr Guéant, ministre de l’Intérieur, intime de Sarkozy, sans omettre les Morano, Baroin, et autres Fillon tous issus de la même officine anti-républicaine qu’est l’UMP, que nous appelons dans nos tracts de Champigny, l’Union des Menteurs Professionnels.
Quand en 1938, le patronat et toute la droit revancharde, opposaient aux luttes ouvrières pour les revendications sociales et pour la paix « Plutôt Hitler que le Front populaire » c’était plus qu’un slogan mais bien la préparation de ce qui suivit.

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Congrès de l’union syndicale des retraités CGT, février 2012

Il reste pour aujourd’hui que le sort politique de la France, placé entre les mains du couple diabolique et surtout insultant pour le pays des droits de l’homme, du Zorro de France et la Virago d’une Allemagne prépondérante, suscite de sérieuses inquiétudes. Il faut d’ores et déjà s’assurer que les traités destructeurs qu’ils sont entrain de concocter, seront rejetés par les peuples qu’ils espèrent soumettre.
Il est toutefois encourageant que se présentant en duo indestructible de la solidité de l’Europe libérale, ils sont, l’un comme l’autre, sur un siège éjectable, tant leur politique anti sociale est majoritairement condamnée dans leur pays respectif et que les échéances électorales sont proches.
La grande manifestation du 29 février qui unira les efforts des syndicats Européens, viendra sans doute concrétiser la mobilisation et la colère des peuples, qui dans presque dans tous les pays, s’opposent par des manifestations journalières à l’aggravation de la misère due à la dictature qu’ils prétendent leur imposer.

Dans ce contexte de développement des luttes, l’existence de nos syndicats des retraités de la CGT est un outil précieux pour notre Centrale syndicale. Car il s’agit bien de syndicats actifs, comme l’ont démontré toutes les interventions.
L’action de terrain de nos syndicats envers les retraités, leur famille, leurs enfants, apporte à l’édifice de la mobilisation syndicale, une énergie qui est loin d’être négligeable et qui est reconnue comme telle.
Les retraités, et plus encore les femmes sont lourdement victimes des mauvais coups d’une société de plus en plus déshumanisée alors qu’une plus grande longévité devrait être un facteur enrichissant pour les jeunes générations.
Cela nous fait obligation de renforcer encore nos capacités d’action. La continuité syndicale étant un objectif important pour les syndicats comme un appui sérieux à leurs propres luttes.
Et enfin, notre histoire nous apprend que l’action de la CGT ne s’arrête jamais au résultat d’une consultation électorale, même victorieuse.
Le combat syndical est permanent, car chaque avancée sociale, chaque victoire obtenue, reste précaire si la vigilance du mouvement ouvrier faiblit.

J’en ai terminé en rappelant ce que notre histoire doit garder d’un passé précieux, pas si lointain, afin de l’imposer pour l’avenir :
- la garantie d’un niveau de salaire qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine.
la garantie du pouvoir d’achat national pour une politique de stabilité de la monnaie.
- un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale.
- un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas, où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État (et cela inclut la perte d’autonomie).
- la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauche et de licenciement, rétablissement des délégués d’atelier.
- une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours.

... et c’est signé Le Conseil National de la Résistance le 24 mars 1944.
Ceux qui concevaient pour la France cet avenir de liberté, de justice, de fraternité et de paix le faisaient au péril de leur vie.

Denise Foucard