1884 La Loi Waldeck Rousseau

La loi Waldeck Rousseau du 21 mars 1884 légalise les syndicats.

La Révolution de 1789, est avant tout une révolution bourgeoise qui va permettre au capitalisme de se développer. Preuve en est la loi Le Chapelier voté le 14 juin 1791 qui interdit toute forme de syndicat. L’idée est que le travailleur « libre » doit pouvoir négocier « librement », sans la pression d’une organisation syndicale, devant un patron tout aussi libre que lui. C’est la théorie du renard libre dans un poulailler libre.
Cette loi va s’appliquer pendant plus d’un siècle. Mais face à l’exploitation, les luttes vont être nombreuses pour exiger le droit de créer des associations de défense des salariés.
D’abord en 1831, les canuts de Lyon imposeront au préfet une négociation collective sur les salaires.
Puis les associations de secours mutualiste vont être tolérées si elles ne revendiquent pas.
A Londres en 1864 se tient le premier congrès de l’Association Internationale des Travailleurs. Une section française se crée simultanément.

Dans les faits, malgré l’interdiction, des associations ouvrières voient le jour et les grèves sont nombreuses. Les militants sont condamnés, les associations dissoutes mais elles renaissent aussitôt sous une autre forme.
En 1864 paradoxalement, Napoléon III reconnait le droit de grève mais il l’assortit de lourdes peines en cas d’atteinte à la liberté du travail.
Puis ce sera la commune de Paris et la semaine sanglante où des milliers de militants ouvriers seront massacrés.
Pourtant à Paris en 1876 comme à Lyon en 1878, des congrès réunissent au plein jour des associations ouvrières illégales. En 1880 on compte 190 mouvements de grèves réunissant 110.00 grévistes. En 1884 il existe 670 organisations syndicales illégales regroupant 94.000 syndiqués.

En 1884 l’économie française est en récession. La colère ouvrière gronde. A l’Assemblée nationale les républicains sont menacés par les royalistes. C’est dans ce contexte qu’ils vont proposer la loi de l’égalisation des syndicats. Les débats sont houleux, les réactionnaires font tout pour limiter la portée de cette loi mais comme le déclare Clemenceau « la loi ne fait que confirmer une liberté déjà prise et avec laquelle on doit compter »
Le texte est adopté et paraît au Journal Officiel le 21 mars 1884.

Pour autant la loi est mal accueillie par les militants ouvriers car ils y voient un risque de contrôle. Les syndicats doivent être préalablement déclarés, beaucoup hésite à le faire.

En fin de compte c’est en 1886 que se crée la Fédération Nationale des Syndicats, la FNS, qui regroupe un tiers des syndicats organisés par métiers.
En 1892 se tient le premier congrès de la Fédération des Bourses du travail. Ce sont ces deux organisations qui fusionneront en 1895 pour fonder la CGT.

Jacques Aubert