Le massacre du métro Charonne
C’était il y a 60 ans, le 8 février 1962.
La guerre d’Algérie dure depuis huit ans. La France est secouée par les attentats de l’OAS au nom de l’Algérie française. De plus en plus de français aspirent à la fin du conflit. En octobre 1961 une manifestation d’algériens a été durement réprimée. On compte près d’une centaine de morts.
Le 8 février 1962, la CGT, la CFTC, la FEN, le SGEN, l’UNEF, le PC, le PSU et le Mouvement de la Paix, appellent à une manifestation pour exiger la paix en Algérie. Le pouvoir gaulliste interdit la manifestation.
À 18 h 30, plusieurs milliers de personnes affluent vers la place de la Bastille. La police qui bloque la place repousse les manifestants. Plusieurs cortèges se forment. Sur les pancartes on peut lire : « OAS assassins » et « Paix en Algérie ». Un cortège arrive de la Gare de Lyon avec à sa tête, André Tollet pour la CGT et Claude Bouret pour la CFTC. Ils sont bientôt rejoints par un cortège venu de la République, puis un autre, parti de la Nation.
Ils sont 20.000.
Il est 20h quand André Tollet annonce la fin de la manifestation et la dispersion. C’est à ce moment que la police va charger.
Le métro Charonne est tout proche, les manifestants s’y engouffrent. Mais le préfet de police, le sinistre Papon, fait fermer la station. Les manifestants s’écrasent contre les grilles, pris au piège dans les escaliers. La police piétine et matraque. Des témoins rapportent que des policiers jettent des personnes dans l’escalier et lancent des grilles en fonte sur les manifestants qui tentent de fuir.
Bilan : neuf morts étouffés ou le crâne fracturé et 250 blessés. Les morts sont tous des Camarades de la CGT :
Jean-Pierre BERNARD, 30 ans, dessinateur aux PTT ;
Fanny DEWERPE, 30 ANS, sténo ;
Anne GODEAU, 24 ans, agent des PTT ;
Edouard LEMARCHAND, 40 ans, employé de presse ;
Suzanne MARTORELL, 40 ans, employée de presse ;
Hippolyte PINA, 58 ans, militant du PCF et de l’Union Syndicale du Bâtiment ;
Maurice POCHARD ;
Raymond WINTENGS, 44 ans, imprimeur typographe.
Daniel FERY, employé de presse, il n’a que 15 ans.
Le 12 février 1962, le Premier ministre Michel Debré se rend dans les locaux de la police pour « apporter le témoignage de sa confiance et de son admiration ».
Le lendemain, 13 février, les victimes de cette manifestation sont conduites au cimetière du Père Lachaise. C’est près d’un million de personnes qui accompagnent le cortège. La CGT a appelé à une journée de grève et l’Ile de France est à l’arrêt.
La guerre d’Algérie prendra fin le 5 juillet 1962.