
70e anniversaire de la Libération, ne pas réécrire l’histoire
Le film Diplomatie inspiré de la pièce de théâtre du dramaturge Cyril Gély traite de la nuit du 24 au 25 août : « Une nuit pour sauver Paris de la destruction ».
L’objectif du film est de laisser croire que le sauveur de Paris serait Raoul Nordling le consul général suédois. Il aurait réussi à convaincre le général nazi von Choltitz de ne pas appliquer les ordres d’Hitler.
Le face à face entre les deux comédiens André Dussolier, le consul Nordling et Niels Arestrup le général von Choltitz qui se déroule durant tout le film à l’hôtel Meurisse à Paris est très bien joué.
Au niveau des faits historiques des mises au point sont indispensables. L’insurrection du peuple parisien et de la banlieue, élément décisif de la sauvegarde de la capitale est absent du film, aucune référence à l’état-major de l’insurrection et de son dirigeant Rol-Tanguy. La Libération est résumée par l’entrée des troupes françaises et américaines dans la capitale. L’arrestation de von Choltitz est opérée par ces soldats, aucune référence à la préfecture de police, à l’Hôtel de ville ou à la gare Montparnasse.
Il y a un devoir de mémoire à faire connaitre les faits tels qu’ils se sont passés. Pourquoi von Choltitz s’est trouvé dans l’incapacité d’exécuter les ordres du führer ?
L’insurrection parisienne ne lui laissa pas le choix de décider du sort de la capitale. Elle en fit un prisonnier avant de recevoir sa capitulation.
C’est l’insurrection qui ouvrit les portes aux armées alliées et à la 2e DB.
Von Choltitz destructeur de Rotterdam et Sébastopol multiplia les mesures criminelles pour intimider la population.
En août, il fit massacrer sauvagement des prisonniers politiques dans les fossés de Vincennes, au fort de Romainville, au Luxembourg, à la gare du Nord, à Chatou, à Domont. Il envisageait d’interner tous les français âgés de 15 à 65 ans, il ne put appliquer ces mesures d’exception en raison de la mobilisation progressive des masses populaires, des grèves, de l’insurrection armée qui s’organise. L’occupant nazi se trouve isolé, ce n’est pas un combat singulier entre la Wehrmacht et les FFI.
Le 19 août le CPL (Comité parisien de Libération) publie l’appel Aux armes citoyens et le colonel Rol-Tanguy appelle à couvrir Paris et la région parisienne de patrouilles motorisées, à occuper partout où c’est possible les bâtiments publics, à ouvrir les routes de Paris aux armées alliées.
Le 21 août c’est L’appel aux barricades toute la population doit par tous les moyens empêcher la circulation de l’ennemi. « Abattez les arbres, creusez des fossés antichars, dressez des barricades, c’est un peuple vainqueur qui recevra les alliés ».
Entre temps, dès le 19 août, de sourdes tractations étaient menées entre von Choltitz et Nordling, qui était en liaison avec des responsables de la délégation gaulliste, Parodi, Chaban-Delmas.
Le 20 un cessez-le-feu était conclu. L’insurrection libératrice était torpillée, des voitures parcoururent la capitale en annonçant le cessez-le-feu.
Le 21 août, le CPL, à l’unanimité vota un appel qui proclamait « La lutte continue plus que jamais au combat, c’est l’appel aux barricades ». Le CNR après une vive discussion repris à son compte l’appel du CPL (de Gaulle s’était prononcé contre la trêve). Plus de 600 barricades seront dressées coupant les principaux itinéraires de la capitale et de la banlieue. La trêve fut un échec pour Nordling et ses acolytes.
2014 célébrera le 70e anniversaire du débarquement de Normandie, et de la Libération compte tenu du climat politique, du discrédit de la classe politique, il n’est pas dans l’air du temps d’évoquer, de mettre en valeur les combats de la libération. Au contraire on peut s’attendre à une forte campagne médiatique visant à mettre dans l’oubli le rôle joué par le monde du travail, avec la grève insurrectionnelle, le peuple en armes sur les barricades, le rôle joué par les FFI, les FTP et son état-major, le rôle occupé par la CGT et le PCF.
À nous de prendre les devants pour bloquer toutes tentatives de réécriture des événements d’août 1944.
Sur une plaque apposée sur la façade de l’Hôtel de ville de Paris, il est écrit :
« Capitale fidèle à elle-même et à la France Paris s’est libérée par son propre effort »
Une plaque apposée sur la façade de la nouvelle gare Montparnasse déclare :
« Ici s’élevait la gare Montparnasse où le 25 août 1944 à 17 heures le général Leclerc commandant la 2e DB a reçu du gouverneur militaire allemand von Choltitz l’acte de reddition, consacrant la Libération de la capitale, à l’armée française et au peuple de Paris. Cet acte a été également signé par le Colonel Rol-Tanguy commandant les FFI de la région parisienne, en présence du général Chaban-Delmas, du lieutenant-colonel De Guillebon et de Maurice Kriegel-Valrimont »