Savoir parler aux jeunes

Dans notre société, destructrice à
bien des égards des valeurs
humaines et culturelles héritées
d’un riche patrimoine social, on ne
peut que regretter l’insuffisance
d’intérêt que manifestent les jeunes
salariés ou privés d’emploi pour
s’impliquer dans l’action syndicale
de protestation contre les conditions
de plus en plus insupportables
imposées au monde du travail,
toutes générations confondues.

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Manifestation du 19 octobre 2010
© IHS CGT 94

Le formidable mouvement que vient de
générer la réforme anti-sociale des
retraites dictée par le patronat (MEDEF)
à l’équipe gouvernementale Sarkozy est venu
corriger quelque peu la tendance. La CGT, dans
cette lutte unitaire, a gagné 6 000 nouveaux
adhérents, ce qui confirme que c’est dans un
véritable rapport des forces en faveur du monde
du travail que nous obtiendrons les moyens de
mettre en échec les mauvais coups de la mondialisation
au service du grand capital.

L’importante mobilisation des jeunes lycéens
et universitaires est une vibrante démonstration
de leur capacité à mesurer ce qui les menace
dans l’immédiat comme dans l’avenir. Ils ressentent
profondément les dangers de l’incertitude
des lendemains, les graves lacunes de l’enseignement
et de la formation, la nocivité de l’argent
roi et la négation de l’intelligence dont ils craignent
fort d’être les victimes si la société ne
connaît pas de profondes transformations.

Il est de plus évident, au vu de la situation
actuelle que le gouvernement a décidé de passer
en force sa loi antisociale, au mépris de l’opinion
de la grande majorité des Français, y
compris son propre électorat, ce qui illustre bien
sa conception de la démocratie.

La casse de la retraite est l’objectif immédiat,
mais l’attaque est de plus grande ampleur, c’est
tout le tissu social de la France, issu du programme
du Conseil National de la Résistance
(CNR) appliqué par le premier gouvernement
du général de Gaulle qui est visé.

Il se confirme de plus en plus que la seule
solution pour éviter à la France un désastre économique
et social est bien le changement radical
d’une société confrontée à un régime capitaliste
en échec, mais solidement accroché aux privilèges
des nantis.

Les mouvements de réprobation populaire,
très majoritaires qui mobilisent depuis plusieurs
jours des forces importantes malgré les mensonges
qui se multiplient à chaque expression
gouvernementale, sont d’une très grande portée,
puisque ce sont toutes les générations, des scolaires
aux retraités, qui exigent le respect de la
volonté du peuple de ne pas laisser la
République française sombrer dans les desseins
d’une extrême droite qui se sent de plus en plus
confortée par les orientations politiques du
pouvoir en place.

Cet article nous a paru souhaitable à la suite
d’un concours de circonstances qui nous a fait
rencontrer plusieurs jeunes gens présents à la
Maison de l’Histoire et du Patrimoine du
Conseil général où nous présentions une exposition
commune Culture et Entreprises et Institut
d’Histoire Sociale
, le 20 juin dernier.

Il s’agissait de la commémoration de l’Appel à
la résistance du général de Gaulle le 18 juin
1940 et de celui de Charles Tillon du 17 juin
1940, député communiste devenu ministre de
l’Air dans le premier gouvernement de la France
libérée.

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Manifestation du 19 octobre 2010
© IHS CGT 94

Cette exposition traite de la Résistance à l’occupation
hitlérienne durant la Deuxième Guerre
mondiale. Elle se situe sous l’angle de plus en
plus actuel du rôle joué par les femmes et du
scandale persistant des discriminations dont
elles sont toujours victimes, malgré toutes les
déclarations d’intention gouvernementales qui
ne sont jamais suivies d’effet.

Sous le titre « Femmes héroïques de la Résistance »
47 femmes du Val-de-Marne sont mises à l’honneur.

Cette exposition a connu un vif succès puisqu’une
centaine de personnes, dont de
nombeux jeunes, l’ont parcourue dans l’aprèsmidi
et surtout commentée durant le débat d’inauguration.

Nous avons pu ainsi mesurer combien les
jeunes, dans leur ensemble, sont avides d’une
meilleure connaissance de cette période dramatique
de l’occupation et des crimes affreux qui
illustrent l’horreur du fascisme allemand et de
ses alliés du gouvernement traître de Pétain.
Nombre d’entre eux ont exprimé le désir de
rencontrer les responsables de notre Institut
pour débattre avec eux du rôle que jouèrent les
femmes durant ces pages noires de notre
Histoire. De même, ils voulaient comprendre le
pourquoi des discriminations que subissent les
femmes depuis si longtemps, malgré les
quelques avancées obtenues par les luttes des
syndicats et des mouvements féministes.

S’ils expriment une curiosité légitime, encore
faut-il que nous soyons en mesure de répondre
à leur attente en leur donnant les éléments susceptibles
d’éclairer les questions qu’ils posent.

Certes, ils nous ont dit avoir lu avec beaucoup
d’attention les textes explicatifs de l’exposition,
mais ils sont restés perplexes devant l’impossibilité
d’en comprendre tout le sens, nos écrits
étant truffés de sigles qui nous paraissent évidents, mais qu’il aurait été évidemment préférable
de formuler clairement. En vérifiant dans
toutes nos parutions nationales, départementales
ou locales, c’est le même phénomène que
nous avons relevé.

Alors ! Écrivons-nous pour les initiés, ou souhaitons-
nous convaincre ceux qui pourraient, en
nous lisant, se sentir suffisamment concernés
pour s’engager dans le mouvement syndical ?

Il nous a donc semblé primordial de rappeler
ci-dessous quelques-uns des sigles couramment
trouvés dans nos textes en les mettant plus efficacement
au service de ceux qui pourraient s’investir
en connaissance de cause.

Cette pratique du sigle n’est pas le seul fait de
la CGT ; elle envahit tous les aspects de la vie
courante. Mais si nous avons pleinement
conscience de l’utilité de réaliser des documents
écrits pour mieux convaincre, sans doute
devons-nous les concevoir avec un maximum de
clarté, puisque dit-on, « ce qui se conçoit bien s’énonce
clairement
 ».

Cet article n’a nullement la prétention de
résoudre tous les problèmes de communication
qui se posent à nous, mais il espère répondre à
celui qui nous a été souligné.

- Le CCN = Comité Confédéral National.
- Les CE = Comités d’Entreprise.
- La CE confédérale : Commission Exécutive.
- La CES = Confédération des Syndicats
Européens.
- La CGT = Confédération Générale du Travail.
- Le CHS = Comité d’Hygiène et de Sécurité.
- Le CNR = Conseil National de la Résistance.
- Le COS = Comité des OEuvres Sociales.
- Le CPL = Comité Parisien de Libération.
- Les FFI = Forces Francaises de l’Intérieur.
- Le FNI = Fonds National d’Intervention.
- Les FTPF = Francs Tireurs et Partisans Français.
- Le MEDEF = Mouvement des Entreprises de
France (le syndicat du patronat français).
- La NAO = négociation annuelle obligatoire.
- La NVO = Nouvelle Vie Ouvrière.
- L’USR = Union Syndicale des Retraités.

Denise Foucard