69e Anniversaire de la fusillade

L’UD CGT du Val-de-Marne
commémore le 69e anniversaire de
la fusillade de Châteaubriant.

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Les porteurs de gerbes
© IHS CGT 94

Dimanche 24 octobre, 6 h du matin. Il
fait encore nuit. Devant la Maison des
Syndicats à Créteil un groupe de camarades
s’affairent.
Un car s’arrête.
Rachid, Michel, Cédric, chargent les soutes.
D’autres voitures arrivent, se garent, des
camarades en descendent.
On s’embrasse, il fait froid.
Un, deux, trois, quatre, cinq, ... quarante, tout
le monde est là.

6 h 30, chacun prend place dans l’autocar qui
démarre direction Châteaubriant, Loire-
Atlantique, là même où il y a 69 ans, 27 camarades
dont Guy Môquet étaient fusillés par les
Allemands.
Dans le car, il y a des camarades d’Ivry, de
Vitry, de Choisy, du Perreux, d’un peu partout
dans le département, et puis surtout des camarades de Bonneuil, ce sont les plus nombreux et
en plus ils sont jeunes !
Dans le car on dort un peu, on discute beaucoup,
ou l’inverse.

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Pique-nique à l’arrivée
© IHS CGT 94

9 h, le jour est levé, on s’arrête, un petit café,
les commodités et on redémarre !
C’est le moment que choisit Cédric pour se
saisir du micro.
Il rappelle que cette sortie est devenue au fil
des ans une tradition de l’UD, que la CGT, pas
plus qu’elle n’abandonne les luttes, n’oublie pas
la mémoire des camarades qui, hier, ont fait le
sacrifice de leur vie pour le progrès social.
Cédric distribue à chacun un article de presse où
la vie des 27 fusillés est retracée. Puis il laisse la
parole à Jacques [1].

11 h 30, nous sommes arrivés. Il fait un temps
superbe.
Chacun part se dégourdir les jambes à la
découverte de la ville.
C’est joli Châteaubriant, avec un château, des
remparts, un centre ville ancien ; au détour
d’une rue une plaque « Sophie Trébuchet 1772-
1821 » ; c’est alors qu’elle vivait à Châteaubriant
que la jeune et jolie Sophie Trébuchet rencontra
le sémillant Joseph Léopold Sigisbert Hugo, qui
lui plût beaucoup, qu’elle épousa et dont elle eut
un fils qu’ils appelèrent Victor. Mais c’est une
autre histoire…

12 h 30, tout le monde se retrouve sur le parking
du centre ville. Les tables de camping sont
dressées, les victuailles chargées le matin mises
en place et après l’apéritif, chacun y va de son
sandwich, avec une spécialité de Rachid : « pâté,
jambon, saucisson, poulet-tomate, chips, fromage,
clémentine et verre de vin ».

13 h 30, tout est rangé et les enfants des
écoles avançant en cortège, nous leur emboîtons
le pas.
Bientôt, de toute part, d’autres arrivent de
Paris, de Nantes, du 93, 92, 91, 77, etc.

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Le spectacle
© IHS CGT 94

À 14 h, nous sommes plusieurs centaines,
avec des drapeaux, des gerbes de fleurs. En tête
les enfants de Châteaubriant et la musique
municipale.
Puis nous entrons dans la clairière. Ce qui
frappe c’est l’immensité du lieu, le monument,
les poteaux d’exécution, la foule, nous sommes
quelques milliers.
Les officiels sont là : Christian Favier pour le
Conseil général du Val-de-Marne, le préfet de
Loire-Atlantique, le maire de Châteaubriant, les
députés, les sénateurs, les représentants de l’autorité
militaire, des personnalités politiques,
nationales, régionales ou du cru.
La brise agite les drapeaux français qui se
mêlent aux drapeaux rouges.
Quand la sonnerie aux morts retentit chacun
attend, écoute.

Le nom des 27 est appelé :

- « Charles Michels, mort pour la France,
- « Jean-Pierre Timbaud, mort pour la France,
- « Jean Poulmarch, mort pour la France,
- « Titus Bartoli, mort pour la France,
- « Henry Barthélemy, mort pour la France,
- « Jules Vercruysse, mort pour la France,
- « David Émile, mort pour la France,
- « Claude Lalet, mort pour la France,
- « Désiré Granet, mort pour la France,
- « Maurice Gardette, mort pour la France,
- « Charles Delavacquerie, mort pour la France,
- « Jean Grandel, mort pour la France,
- « Henri Pourchasse, mort pour la France,
- « Edmond Lefèvre, mort pour la France,
- « Julien Le Panse, mort pour la France,
- « Jules Auffret, mort pour la France,
- « Victor Renelle, mort pour la France,
- « Maurice Ténine, mort pour la France,
- « Antoine Pesqué, mort pour la France,
- « Eugène Kérivel, mort pour la France,
- « Pierre Gueguen, mort pour la France,
- « Marc Bourhis, mort pour la France,
- « Raymond Laforge, mort pour la France,
- « Maurice Tellier, mort pour la France,
- « Huynh-khuong Ah, mort pour la France,
- « Maximilien Bastard, mort pour la France,
- « Guy Môquet, mort pour la France.

La minute de silence achevée, la Marseillaise
retentit, puis le Chant des partisans.
Mme Odette Nilès, présidente de l’Amicale de
Châteaubriant, dit quelques mots.
Puis sur une immense scène en plein air, plus
d’une centaine d’artistes amateurs présentent
une évocation de ce que fut la dernière guerre.
Cela s’appelle Destination inconnue en hommage à
toutes celles et ceux, enfants, jeunes, adultes,
vieillards, hommes et femmes qu’on arrêta un
jour pour les envoyer là où ils ne savaient pas
encore que ce serait l’enfer et d’où très peu en
reviendraient.
À la fin du spectacle, debout, trois mille personnes
déchaînent un tonnerre d’applaudissements.
Dans la foule les drapeaux rouges sont
plus présents que jamais et l’on entend
l’Internationale.
C’est à ce moment-là que le groupe du Val-de-
Marne prend la photo de famille. En quittant la
clairière, nous passons par la ferme devenue
musée. Il y a là des photos, des documents, les lettres des fusillés, leurs affaires, la dernière
valise.

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Pendant le spectacle
© IHS CGT 94

17 h, nous remontons dans le car, il était
temps car l’orage vient de commencer. Nous
reprenons notre route vers Créteil.

19 h 30, arrêt. Les tables sont ressorties. Les
victuailles aussi, « Il faut tout finir. » dit Rachid et
nous y arriverons !
Le car repart, Cédric ressaisit le micro, fixe le
rendez-vous pour l’année prochaine et rappelle
que d’ici-là les occasions de lutter ne vont pas
manquer ! Dès lundi, l’action sur les retraites
doit redoubler d’intensité, Cédric rappelle les
rendez-vous, les luttes en cours et appelle à la
solidarité avec les grévistes, chacun y va d’un
chèque ou d’un billet.
Le ronronnement du moteur allait nous
endormir quand Rachid sort un disque de sa
poche ; de la sono du car montent alors, les
chants révolutionnaires : La montagne, Ma France,
l’Affiche rouge et pour finir On lâche rien ! [2]
Celle-ci elle passe en boucle et tout le car
chante en coeur : « On lâche rien ! on lâ-che
rien ! on lâ-che rien ! on lâche rien ! on lâche
rien ! on lâche rien !
 »

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La délégation au grand complet
© IHS CGT 94

23 h, le car s’arrête devant la Maison des syndicats,
merci aux chauffeurs. On se serre la
main, on s’embrasse.
— « On se revoit mardi pour la Grande Manif ?
— « Bien-sûr que j’y serai !
— « Et l’année prochaine ? Ce sera le 70e anniversaire
de Châteaubriant !

— « J’y serai aussi.

Et nous serons encore plus nombreux !

[2une chanson du groupe HK et les saltimbanks que la
sono de l’UD a mis à l’honneur lors des manifs.